A peine engagée dans la signature du traité de l'Atlantique Nord en avril 1949, la France accueille de nombreux contingents des forces armées américaines. Cette présence américaine va laisser des traces indélébiles. Mais pas à Orléans. L'ouvrage de Sylvie BLANCHET a été pour moi une source inépuisable de découvertes et sa lecture m'a apporté un lot de surprises au détour de chaque page ( et pourtant je réside dans le Loiret non loin d'Orléans ). Jusqu'à 10 000 américains, militaires et civils et leurs familles, ont vécu à Orléans et dans sa proche banlieue entre 1950 et 1967. A l'époque la préfecture du Loiret abritait le quartier général de la "COM Z", la ligne de communication des forces américaines en France. Depuis Orléans sont traitées les questions d'approvisionnement, de transmission et de logistique et ce rôle n'aura de cesse de se renforcer, par exemple en accueillant à partir de 1960 le siège de la Military Police.
Le récit de tout ce qui touche aux aspects militaires et leurs installations dédiées est bien sûr passionnant et instructif. Mais plus que tout ce sont les aspects sociaux que l'auteure met en avant : réactions des élus lors de l'annonce de l'arrivée des américains, l'opposition communiste, intégration dans la vie locale non seulement des militaires mais aussi de leurs familles, les conséquences du retrait à partir de 1966 et le reclassement des installations. Les américains avaient leurs logements, leurs magasins, leurs écoles, leurs lieux de détente mais une curiosité réciproque provoqua des échanges avec la population locale que Sylvie Blanchet relate de manière vivante et sans rien occulter sur les difficultés et parfois les conflits, avec toujours des références géographiques qui vont tout particulièrement intéresser les habitants d'aujourd'hui.
Les références géographiques constituent le coeur de ce récit. Les traces de la présence américaine ( à Orléans avec l'incontournable Caserne Coligny mais aussi à Saran, Olivet, Ardon, vers l'Est jusqu'à Donnery, en aval jusqu'à Meung-sur-Loire ) sont à ce jour peu visibles ( sauf peut-être à Chanteau et Cercottes qui ont conservé une vocation militaire ) mais quel ravissement d'apprendre qu'un bâtiment aujourd'hui anodin a un passé américain !
Sylvie BLANCHET : Orléans et ses environs, 1950 - 1967, La parenthèse américaine. Collection : Graveurs de Mémoire. Éditions L'Harmattan. Parution le 11 juin 2021. 246 pages. ISBN : 978-2-343-23473-1.
Merci aux Éditions l'Harmattan et félicitations pour l'étendue historique de leur collection "Graveurs de Mémoires".
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