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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 15:21
Frédéric PAULIN - Nul ennemi comme un frère

Difficile de parler de Frédéric Paulin sans évoquer la « Trilogie Benlazar », une fresque historique et romanesque exceptionnelle retraçant et expliquant l’Histoire récente (  1992 à 2015 ) du terrorisme islamique ( voir ICI ). L’actualité récente a réouvert un dossier tragique, celui du Proche-Orient. Notre attention a été focalisée sur Gaza avant de se porter sur le Liban. Le nouveau roman de Frédéric Paulin arrive à point nommé pour aider à comprendre une géopolitique locale d’une complexité extrême et rappeler la souffrance des populations locales à la fois impliquées et victimes d’un conflit que les occidentaux sont incapables d’apaiser et ont parfois exacerbé. Ce premier récit concerne la période 1975-1983 et est annoncé comme le premier volet d’une nouvelle trilogie.

La lecture des premières pages est déroutante. Pas facile de dater à quel moment commence le récit. Le présent se confond avec le passé, l’auteur parle de faits remontant à 1936, il évoque le 12 août dernier. Les protagonistes sont nombreux et leurs noms s’annoncent difficiles à retenir, tout comme ceux des lieux et des factions. Dans la trilogie Benlazar, il y avait des chapitres regroupés en parties et chacune correspondait à une année. En postface il y avait des glossaires et des chronologies. Rien de tout cela dans ce premier épisode de l’Histoire du Liban.

J’ai pris des notes. Il faut prendre des notes. Frédéric Paulin est habile, peu à peu des personnages principaux se dessinent. C’est sur eux que l’Histoire moderne du Liban va reposer. C’est grâce à eux que le lecteur entrevoit une lueur de vérité. Leurs souffrances personnels permettent d’imaginer les déchirures des peuples présents au Liban en 1975. Avec quelques personnages fictifs magnifiquement choisis par l’auteur, le lecteur est entraîné dans un récit d’une puissance rare et à la lecture addictive. Le destin de ces personnages est intimement imbriqué autant dans la plongée du Liban dans l’horreur que dans les coulisses de la politique française.

La famille Nada est chrétienne maronite. Proches de la France, les Nada occupent une place politique et économique forte au Liban. Le jeune Michel Nada a la double nationalité, libanaise et française. Il rejoint la métropole pour se faire une place dans les rouages politiques de la droite française, pour que la voix libanaise soit entendue. Avec lui, au sein du RPR, le lecteur assiste à l’ascension de Chirac. Sa famille restée au Liban est proche du président Gemayel.

Abdul Rasool al-Amine est un chiite de la ceinture des déshérités de la banlieue sud de Beyrouth et du Sud-Liban. Zia al-Faqih est une jeune femme chiite. Ils militent au sein de la milice armée Amal pour que des droits leur soient accordées dans leur pays, le Liban.

Kellermann est conseiller politique à l’ambassade de France à Beyrouth. Il est français mais sa seconde patrie est le Liban qu’il connait et qu’il aime. Lorsqu’il rejoint la France ses connaissances servent le PS et le futur président Mitterrand.

Le capitaine Dixneuf est officier traitant du SDECE à Beyrouth. Sa mission est de prévoir et d’agir pour la France. Mais peut-il vraiment l’assumer avec efficacité lorsque la France soutient les maronites, soutien l’OLP de Yasser Arafat et les palestiniens sans patrie réfugiés au Liban, discute avec la Syrie d’Hafez el-Assad qui soutient les Druzes libanais, livre des armes à l’Irak en guerre contre l’Iran de Khomeiny après lui avoir accordé l’asile ? Pendant ce temps Israël annexe le Golan et bombarde les camps palestiniens de la plaine de la Bekaa.

Le contexte libanais est d’une complexité extrême. On tue, on exécute, on se venge, on assassine, on finance les luttes armées grâce à l’argent de la drogue. Le Liban est en ruines. Toutes les populations souffrent et meurent. Le récit de Frédéric Paulin est à n’en pas douter le fruit de recherches historiques et d’investigations journalistiques impressionnantes et pour les restituer, il a choisi la littérature.

Michel Nada a épousée Sandra Gagliaco la fille d’un député RPR. Michel Nada est promis à une carrière politique brillante. Sandra est juge d’instruction spécialisée dans la lutte anti-terroriste. Le terrorisme frappe la France. Action Directe, Syrie, groupuscules dissidents de l’OLP, arméniens : le commissaire Caillaud et son adjoint Jacquemin enquêtent.

Les protagonistes imaginés par Frédéric Paulin vivent, se croisent, s’aiment, se détestent, souffrent, se révoltent, à l’image du Liban. Des parents ont peur et ont de la peine. Tous sont impuissants et subissent une situation hors de contrôle. Autant de points-de-vue, autant de tragédies. Il n’y a plus de frères, seulement des ennemis à jamais et des massacres comme à Sabra et Chatila. La division et la haine règnent, même au sein des chiites. L’horreur ne fait que commencer : «En fait ce n’est pas la fin d’un monde , c’est seulement la violence de l’Ancien Monde qui s’amplifie ». C’est sur ces mots que s’achève ce premier récit, passionnant, bouleversant et instructif. Nous sommes le 23 octobre 1983, à l’aube.  

Frédéric PAULIN – Nul ennemi comme un frère . Parution 22 août 2024, Éditions Agullo . ISBN 978-2-38246-113-6 .

Présentation éditeur : Beyrouth, 13 avril 1975. Des membres du FPLP ouvrent le feu sur une église dans le quartier chrétien d’Ain el-Remmaneh. Quelques minutes plus tard, un bus palestinien subit les représailles sanglantes des phalangistes de Gemayel, inaugurant un déferlement de violence sans commune mesure qui dépassera bientôt les frontières du Liban et du Proche-Orient.
Michel Nada part alors pour la France, où il espère rallier la droite française à la cause chrétienne. Édouard et Charles, ses frères, choisissent la voie du sang. Dans la banlieue sud de Beyrouth, Abdul Rasool al-Amine et le Mouvement des déshérités se préparent au pire pour enfin faire entendre la voix de la minorité chiite.
À l’ambassade de France, le diplomate Philippe Kellermann va, comme son pays, se retrouver pris au piège d’une situation qui échappe à tout contrôle.
Mais comment empêcher une escalade des tensions dans un pays où la guerre semble être devenue le seul moyen de communication ? La France de Giscard et de Mitterrand en a-t-elle encore seulement le pouvoir, alors qu’elle se voit menacer au sein même de son territoire ?
Première partie du projet le plus ambitieux de Frédéric Paulin à ce jour, Nul ennemi comme un frère retrace les premières années de la guerre du Liban.

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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 10:20
Frank GOLDAMMER - L'Épouvantail de Dresde

Décembre 1944, Dresde. Des cadavres de femmes atrocement mutilés. L’inspecteur de la Brigade criminelle Max Heller est impuissant, le manque de moyens ne lui permet pas de progresser vers l’identité du meurtrier et son enquête se limite à de vaines recherches de voisinage et dans le passé des victimes et à des patrouilles de nuit dans les rues désertes de Dresde. Werner Oldenbusch, technicien scientifique ne lui est d’aucun secours. Le docteur Schorrer assure modestement les fonctions de médecin légiste. Le supérieur de Heller, le SS Rudolf Klepp est persuadé que le criminel se cache parmi les juifs allemands. Pendant ce temps des rumeurs se répandent, la population parle d’un dépeceur, d’un grand singe qui se serait enfui du zoo.

Ce roman policier historique commence d’une manière très classique dans un contexte de nombreuses fois décrit : une population démunie qui a faim et froid, la peur continuelle de la Gestapo, le quotidien ponctué d’alertes aériennes. La propagande nazie promet le déploiement prochain d’armes miraculeuse pour gagner une situation chaque jour plus proche d’une défaite inéluctable. Fuyant l’ogre soviétique, les réfugiés affluent de l’Est. Le SS Rudolf Klepp, est persuadé que le criminel est un juif qui se cache parmi eux.

Max Heller est un ancien combattant de la Grande Guerre, avec sa femme Karin ils ont deux fils qui combattent sur le front de l’Est et dont ils sont sans nouvelles depuis plusieurs mois.

L’attention du lecteur est relancée dans la seconde partie du roman. Du 13 au 15 février 1945 un déluge de bombes s’abat sur Dresde, des bombes incendiaires brûlent tout, faisant fondre ce qui est métallique, les abris souterrains deviennent des pièges mortels. Dresde est rasée, la population décimée.

L’enquête de Heller reprend en mai 1945. Dresde est occupé par l’Armée Rouge. La police allemande a été supprimée. Les crimes de femmes n’ont pas cessé, Heller a convaincu le général Medvedev de reprendre l’enquête. Il seconde un jeune commissaire politique Alexei Sayatchev dans de nouvelles recherches. Le contexte a changé : traque des anciens criminels nazis psychopathes cachés parmi les anonymes, découverte par le peuple allemands des atrocités commises au nom du 3ème Reich, soldats soviétiques portés par un sentiment de vengeance. Le final des recherches du duo germano-soviétique est réussi avec des rebondissements et un bon suspense qui avait fait défaut avant. Le destin entrevu pour les principaux personnages est habile et permet d’imaginer une suite prometteuse.

Frank GOLDAMMER – L’épouvantail de Dresde . Titre original « Der Angstmann » ( Allemagne – 2016 ) traduit par Justine Coquel pour les Éditions du Masque, parution le 18 septembre 2024 . ISBN 9782702451137 .

Présentation éditeur : Novembre 1944.  Le régime nazi est proche de l’effondrement et la ville allemande de Dresde ploie sous la violence de la pauvreté. Sans compter les rumeurs racontant qu’un être effroyable, à peine un homme, rôde la nuit dans les rues désertes. Lorsqu’on découvre le corps mutilé d’une infirmière dans un cabanon désaffecté, les habitants murmurent aussitôt que c’est l’œuvre de l’Épouvantail.

Max Heller, inspecteur de la brigade criminelle, est déterminé à trouver une explication rationnelle à ce crime, mais la police n’a plus de moyens, et son chef, un SS impitoyable, ne lui épargne rien. Entre la gestion laborieuse des réfugiés en surnombre, le rationnement et les fréquentes alertes aériennes, Heller glane péniblement quelques indices. Mais quand on trouve le corps d’une deuxième femme, il commence à prendre au sérieux la menace de l’Épouvantail …

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27 décembre 2024 5 27 /12 /décembre /2024 11:38
Dominique MAISONS  -  Drapeau noir

Il se raconte que Louise Michel fut la première à brandir un drapeau noir fait d’un vieux jupon noir fixé sur un manche à balai. C’était le 9 mars 1883 lors d’une manifestation de chômeurs contre la faim. Le drapeau noir devient alors le symbole des anarchistes en lutte pour la liberté et l’égalité.

Pierre et Nina se sont rencontrés dans une imprimerie parisienne en avril 1934, elle venait y chercher des tracts anarchistes et lui voulait faire imprimer son premier livre. A peine le temps d’échanger un regard et ils doivent fuir devant la police. Une course poursuite sur les toits, à travers les rues de Paris et pour finir dans les égouts ! C’est toujours un immense plaisir de retrouver Dominique Maisons dans ses récits inspirés par la littérature populaire d’aventure. L’amour impossible est également un thème cher à la littérature populaire. Pierre et Nina se sont aimés au premier regard mais leur amour durera-t-il une vie entière ? Nina est anarchiste militante. Pierre est un modeste comptable accaparé par la difficile publication de son premier livre.

Pierre, le narrateur, va accompagner Nina dans ses engagements et ses luttes souvent clandestines mais aussi dans une vie libertaire. C’est un peu comme si Pierre suivait Nina la nuit. Le jour il redevient comptable de la maison d’éditions Denoël et Steele . Robert Denoël a accepté de publier son livre et cela implique une conduite respectable. Pierre aime éperdument Nina, pourra-t-il la persuader de s’écarter de ses idéaux ? Nina aime Pierre à sa manière, pourra-t-elle le convaincre de renoncer à son confort petit-bourgeois ?

La publication d’un livre est devenu une lutte pour Pierre, il y parle de son père, un mutin de 1917 victime d’une justice militaire expéditive. Ce livre est sa manière de le réhabiliter, il ne renoncera pas, c’est son combat. Pour garder la confiance de Nina, pour ne pas passer pour un lâche, il va la suivre dans de folles aventures politiques et découvrir la vie parfois dissolue de son amoureuse dans les communautés anarchistes. Le tableau dessiné par Dominique Maisons des milieux anarchistes de l’époque est érudit avec une touche de nostalgie. C’est un tableau historique  avec ses personnages célèbres comme l’ukrainien Nestor Makhno, la rivalité avec le stalinisme totalitaire et dominateur et les luttes pour la Paix, contre le fascisme et tout particulièrement l’idéologie des Croix-de-Feu. C’est aussi un portrait sociétal du mode de vie anarchiste et de ses aspirations qui devaient contribuer à changer l’Homme et qui restent des combats d’aujourd’hui : lutte contre l’homophobie, respect des droits des femmes et des enfants, écologie. Dominique Maisons ne se contente pas d’un inventaire, il met en scène, il imagine, il illustre et son récit est une véritable aventure menée à toute vitesse avec les dangers que représentent la police aidée par l’armée et avec son lot de surprises et de rebondissements.

La rupture entre Nina et Pierre est inévitable. Pierre est resté dans son confort tranquille, Nina a continué de se révolter. Mais la flamme de l’amour de s’éteint jamais et pour qu'ils se retrouvent une nouvelle aventure commence dans le fracas de la guerre d’Espagne avant un final parfaitement maîtrisé et dominé par l’espoir.

Dominique MAISONS – Drapeau noir . Parution août 2024 , Éditions de La Martinière . ISBN 9791040115311 .

Présentation éditeur : Paris, 1934. Pierre, jeune employé des éditions Denoël, se rêve écrivain. Alors qu’il dépose son manuscrit dans une imprimerie débarquent des gendarmes sur la piste de tracts anarchistes. Une jeune militante l’entraîne avec elle dans sa fuite. Se révèle alors pour Pierre le monde des réunions clandestines, des fumeries d’opium et des rêves de liberté. À travers la figure incandescente de Nina, le mouvement anarchiste déploie ses idéaux : le droit à l’avortement, la lutte anti-capitaliste, l’écologie… Pierre devra-t-il choisir entre son amour pour Nina et la carrière d’écrivain qui lui ouvre ses portes ?

Autre roman de Dominique Maisons : "On se souvient du nom des assassins" , voir ICI  

 

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22 décembre 2024 7 22 /12 /décembre /2024 07:04
Arttu TUOMINEN - Tous les silences

Coïncidence, lors de la rentrée littéraire d’automne 2024, deux romans parlent de la Finlande dans la seconde Guerre mondiale. Pour respecter la chronologie historique « La guerre d’hiver » est le premier engagement finlandais pour répondre à l’invasion de l’URSS. Olivier Norek en parle magnifiquement dans « Les guerriers de l’hiver » ( voir ICI ). La Finlande est vaincue après une résistance historique de plus de trois mois et début 1940 l’URSS occupe une partie de son territoire. En juin 1941, l’armée finlandaise équipée par l’Allemagne lance une offensive contre l’Armée Rouge. La Finlande se trouve de facto engagée aux côtés des nazis. Le 6 décembre 1941 la Grande Bretagne lui déclare la guerre. Pour illustrer ce second conflit que les finlandais appellent « Guerre de Continuation », Arttu Tuominen a choisi le roman noir et une énigme criminelle de 2019 qui trouve ses racines dans la Guerre de Continuation avec l’engagement de certains soldats finlandais aux côtés des nazis. L’auteur dénonce et rappelle ces évènements oubliés ou cachés.

Septembre 2019, Albert Kangasharju âgé de 97 ans est victime d’une agression dans le parc de la maison de retraite où il réside à Pori, un port finlandais sur la côte du golfe de Botnie. Albert est sauvé grâce à l’intervention d’une infirmière. Ses deux agresseurs prennent la fuite mais tout laisse à penser qu’ils voulaient le pendre car une corde avec un nœud coulant est retrouvée fixée à un arbre. Hospitalisé il est victime d’une nouvelle tentative d’homicide et sauvé par Jari Paloviita de l’unité de Police criminelle régionale.

Le roman d’Arttu Tuominen est scindé en deux histoires distinctes dont il alterne la narration : l’enquête sur l’agression du vieux Kangasharju et le récit historique de finlandais qui en avril 1941 rejoignent l’armée allemande et un centre d’instruction dans le Jura souabe pour constituer le régiment Westland de la division Wiking de la Waffen SS. Ils ont été 1400 finlandais et l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux volontaires Klaus, Martti, Virkkala, Ylikylä et Albert. Ils rejoignent le front sud de l’opération Barbarossa durant l’été 1941. Le roman de l’auteur devient récit historique de guerre, âpres combats pour franchir le Dniepr puis pour rejoindre Bakou et entre les combats exactions atroces, crimes génocidaires envers les civils avec comme point culminant de l’horreur les exécutions sommaires commises dans la forêt ukrainienne de Monastyrskiy fin 1941. Des soldats finlandais participent aux massacres.

L’enquête en 2019 des policiers de Pori est dans l’impasse. Un autre vieillard est assassiné. Le lecteur devine facilement  la solution mais la police manque de preuves pour le mobile des agressions et surtout piétine sur l’identité des meurtriers. L’auteur oriente alors son récit contemporain sur le portrait des enquêteurs et leur vie personnelle. L’ensemble perd un peu de son intérêt d’autant plus que seule la situation de Jari Paloviita est approfondie.  

Quatre-vingt ans après les faits il est difficile d’identifier des criminels de guerre, de prouver leurs actes. Identité modifiée, témoins disparus, il devient quasi impossible d’étayer une accusation. Cette problématique est bien mise en avant par Arttu Tuominen ainsi que les recherches historiques et les investigations journalistiques dont la poursuite est indispensable pour rétablir la vérité. Le roman noir et la littérature se révèlent très efficaces pour raconter le passé dans une sorte de vulgarisation accessible à tous.

Arttu Tuominen – Tous les silences . Titre original « Vaiettu » ( Finlande 2021 ) traduit du finnois par Claire Saint-Germain . Parution le 20 septembre 2024 , Éditions de La Martinière . ISBN 9791040117926 .

Présentation éditeur : Le grand roman noir du passé nazi de la Finlande
Ukraine, 1941. Deux SS tiennent entre leurs mains la vie d’une mère et de son enfant. Au dernier moment, ils décident de leur épargner la fureur de leurs hommes.
Finlande, 2019. Deux hommes s’acharnent sur le corps d’un vieillard et le laissent pour mort. La victime était un ancien combattant méritant et médaillé.
Entre ces deux événements, c’est tout le passé de la Finlande, jamais exhumé, qui se révèle. Celui de jeunes volontaires engagés au sein des Waffen-SS pour lutter, sous les ordres de l’Allemagne nazie, contre l’ennemi bolchévique.

Âpre et puissant comme peuvent l’être Ron Rash ou Dennis Lehane, Arttu Tuominen met à nu la plus grande fracture de l’histoire de la Finlande, dans ce nouveau roman de la série policière Delta noir, déjà couronné des plus grands prix.

Ce roman fait partie d’une série qu’Arttu Tuominen a baptisé « Delta » comme le delta du fleuve Kokemäenjoki lorsqu’il se jette dans le golfe de Botnie après avoir traversé la ville de Pori. « Delta » compte six titres publiés en Finlande entre 2019 et 2024. « Tous les silences » est le troisième tome, venant après « Le serment » ( Finlande 2019 – France 2021 ) et « La revanche » ( Finlande 2020 – France 2023 ). Ces trois premiers romans mettent en scènes les mêmes policiers de Pori, Linda Toivonen, Henrik Oksman et Jari Paloviita sous les ordres de Susanna Manner. Je n’ai lu que « Tous les silences », cela peut expliquer la frustration de voir seulement le portrait de Paloviita mis en avant au détriment de Linda ou d’Henrik Oksman solitaire et surdoué qui intrigue. Il faut toujours commencer une série par le début, je le sais et je viens encore de l’apprendre à mes dépends. « Tous les silences » n’en est pas moins un bon roman noir historique .

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17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 17:34
Olivier NOREK  -  Les guerriers de l'hiver

Olivier Norek délaisse le polar le temps d’un récit historique. Son roman n’a pas fini d’étonner les lecteurs, du sujet traité qu’il est allé cherché tout prêt du cercle polaire arctique, jusqu’au style narratif utilisé pour raconter un épisode méconnu de l’Histoire de la Finlande.

Le 30 novembre 1939, l’Armée Rouge déferle sur la Finlande, tout petit pays militairement sous-équipé et non préparé, piégée par de traitreuses provocations. L’Union Soviétique poursuit son expansion vers l’ouest, profitant d’un pacte de non-agression avec le Reich nazi, son avancée a été jusqu’à maintenant victorieuse et aucune résistance n’est attendue en Finlande. La Guerre d’Hiver vient de commencer, elle s’annonce brève, la capitale Helsinki est bombardée et plusieurs fronts sont ouverts par les soviétiques sur les mille trois cents kilomètres de frontière qu’une poignée de finlandais s’apprêtent à défendre face à une véritable horde surarmée.

Olivier Norek s’intéresse aux êtres humains, l’Histoire est faîte par les femmes et les hommes ordinaires, comme ces  jeunes, Toivo, Onni, Pietari, Simo, enlevés du même village pour rejoindre le front de Kollaa, au sud de la frontière avec le voisin devenu ennemi sur la route des grandes villes côtières finlandaises. La jeune Leena est également mobilisée.

Le récit d’Olivier Norek est historique avec tout ce que cela suppose comme géopolitique, décisions gouvernementales et faits militaires. C’est instructif bien sûr. Mais l’auteur raconte l’Histoire à travers le ressenti des êtres humains. La peur de l’inconnue qu’est la guerre, la peur de la mort, l’inévitable révolte face à la mobilisation mais aussi l’inéluctable sentiment d’un devoir à accomplir. Des gens ordinaires sont précipités vers des évènements extraordinaires. A cette époque de l’année même le froid est extraordinaire, des températures jusqu’à – 50°. Il faut être finlandais pour s’en accommoder. L’auteur met en scène les soldats finlandais et les soldats russes dont la hiérarchie n’avait pas pris conscience que face à eux il y avait certes quelques finlandais au courage incommensurable mais surtout habitués à ces hivers inhumains. Il faudra plusieurs semaines pour que les officiers soviétiques avouent leur impuissance à Staline afin que des moyens adaptés soient mis en œuvre. Un dictateur ne doit pas être contrarié, ni ses sbires comme Molotov. Face à eux il y a le général Karl Gustaf Mannerheim, commandant en chef finlandais formé dans les rangs du tsar, conscient du courage de ses soldats et des faiblesses de son ennemis mais lucide sur l’issu du conflit et sur l’aide occidentale qui ne viendra pas. La France se contente de promesses qu’elle ne tiendra pas.

Sur le front des gens ordinaires s’affrontent. Ils affrontent la peur et le froid. Ils ont la rage et tuent leur ennemi. Ils affrontent leur conscience car ils ont tué. Ils espèrent, ils sont découragés. Ces finlandais deviennent extraordinaires, comme le rusé légionnaire Aarne Juutilainen qui a mené cette guerre d’hiver comme si elle était une guérilla ( il a bien existé ). Il y a aussi Simo Häyhä ( un des jeunes enlevé à son village ) un tireur d’élite hors pair, devenu une légende en Finlande. Bien sûr Olivier Norek le met en avant mais son portrait est sans concession, avec ses failles.  Il y a eu tellement de héros parmi les finlandais ordinaires que seul un déluge de bombes les a vaincus et contraints à signer une Paix humiliante le 12 mars 1940. 

Pour raconter la guerre d’hiver, Olivier Norek a choisi de parler des êtres humains, de leurs souffrances, de leurs espoirs et de la mort. C’est superbement écrit et décrit. Le froid, le sang sur la neige, la chaos et le silence, les sentiments. Les ombres des cadavres sous la glace translucide du Golfe de Finlande. L’épuisement après l’exaltation. L’auteur sait trouver les mots justes, pour émouvoir, sans perdre le fil de l’Histoire, sans oublier l’Homme. Pas étonnant que nombre de jurys littéraires aient repéré ce roman historique dissimulé dans un récit de guerre caché derrière des portraits profondément humains.

Olivier NOREK – Les guerriers de l’hiver . Parution le 29 août 2024 , Éditions Michel Lafon . ISBN 9782749947204 .

Présentation éditeur :

" Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu .
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n'a d'équivalent nulle part ailleurs. Le 
Sisu est l'âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination... Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d'un acier qui nous résiste aujourd'hui. "

Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu'ils s'affrontent.

Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l'ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.

Olivier NOREK  -  Les guerriers de l'hiver
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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 15:42
Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 3 - L'affaire Soularue

En novembre 1888 deux amants, Berthe Grimaud et Gabriel Soularue, décident de se suicider. Berthe est retrouvée morte tuée d'une balle dans la tête, Gabriel est évanoui une plaie à la tête, à leurs côtés un petit révolver. Les deux amants s’étaient enfermés dans une chambre. Gabriel Soularue prétend avoir raté son suicide. Le juge d’instruction Vial note des contradictions dans les explications de Soularue, il fait donc appel à Alexandre Lacassagne réputé pour ses expertises criminelles. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément Huin vont procéder à l’exhumation du corps de la défunte Berthe Grimaud et prélever son crâne et ses deux humérus pour les analyser. Le lecteur est soumis à rude épreuve.

Le passé d’Ange-Clément constitue une énigme fictive qui tient en haleine. Le sous-inspecteur Jacob ne fait plus preuve de retenue suite à la mutation de son supérieur Morin. Il est prêt à tout pour prouver le passé de brigand d’Ange-Gabriel et à découvrir sa véritable identité. Sa vie d’avant se révèle peu-à-peu, c’est une source de suspense solide aussi instructive avec le sujet des milieux anarchiste que distrayante avec l’évocation de la triche au jeu de dés et surtout le souvenir de la jeune et belle Ambroisine qui peut être source d’inspiration pour une suite.

Le roman s’achève avec le récit du procès de l’accusé Soularue et sa confrontation aux résultats des différentes expertises scientifiques de Lacassagne s’exprimant en tant que médecin légiste et prouvant des faux témoignages. Cependant ces expertises ne permettent pas aux jurés de répondre à tous les actes d’accusation, l'apport de la science ne constitue qu'une partie des résultats des investigations mis à disposition des jurés pour les aider à délibérer.

La postface d’Amos Frappa est encore une fois d’une grande richesse documentaire, que se soit sur les us et coutumes des Apaches, les tatouages, la presse anarchiste, la crémation des cadavres, l’architecture des cimetières dits « de l’avenir » ou la consommation d’alcool. 

L'ensemble se lit avec plaisir et même avidité tellement le lecteur a hâte de voir Lacassagne à l'oeuvre et conclure. la vie tourmentée d'Ange-Clément constitue un liant aussi instructif qu'agréable. Il est dommage que le roman ne soit plus illustré par les dessins de Michel Montheillet qui permettaient de visualiser des scènes, des visages ou des objets de la partie roman.

Présentation éditeur : Novembre 1888, un couple se rend à l'hôtel des terrasses à Fontaine sur Saône pour un dîner dans un salon privé. Quelques heures plus tard des coups de feu résonnent dans l'établissement. Le propriétaire force la porte et découvre les jeunes gens. La jeune femme, sans connaissance, git à terre, l'homme est assis sur une chaise, il a une plaie sanguinolente à la tempe.
Gabriel sera sauvé, Berthe décède de la suite de ses blessures. Au premier abord, cela ressemble à un suicide passionnel.
Mais quelques jours plus tard, une fois la victime inhumée, de nouveaux éléments laisse penser que cela pourrait être un homicide. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément vont devoir démêler le vrai du faux dans ce terrible fait divers du XIXe siècle.

Chronique de lecture tome 1 : voir ICI

Chronique de lecture tome 2 : voir ICI  

 

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15 décembre 2024 7 15 /12 /décembre /2024 16:46
Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 2 - L'affaire Echallier

Sept années ont passé depuis l’affaire de l’île Barbe  ( voir ICI ), Ange-Clément Huin a acquis de l’expérience, il est devenu un véritable collaborateur scientifique lorsqu’Alexandre Lacassagne officie comme médecin légiste. Février 1888, le duo est à Saint-Romain-au-Mont-d’Or où ils retrouvent le sous-inspecteur Jacob auprès du père Moiroux, un vieillard qui a été agressé et gravement blessé à la tête et au cou. Il a également été atteint par plusieurs balles de petit calibre. La victime a vu son agresseur, « un jeune de seize ans ». Un jeune rôdeur aperçu dans le village fait aussitôt le coupable idéal que la victime identifie malgré son état comateux. Un autre suspect sans alibi pour le jour de l’agression est arrêté. Le juge d’instruction Vial demande alors au professeur Lacassagne d’approfondir ses investigations pour identifier le véritable coupable.

Le père Moiroux décède des suites de ses nombreuses blessures. Lacassagne et Ange-Clément vont autopsier le corps afin qu’il révèle tous ses secrets permettant d’identifier le criminel. Ils vont plus particulièrement s’intéresser aux balles ayant blessé le père Moiroux et effectuer les premières expertises balistiques.

Ce deuxième opus des carnets secrets d’Alexandre Lacassagne allie à merveille documentation historique puisée dans des écrits de l’époque ( et référencée par l’auteur ) et fiction autour du personnage d’Ange-Clément qui voit ressurgir son passé d’Apache et en passe d’être trahi par ses tatouages. C’est l’occasion pour le lecteur de l’entendre parler l’argot de ces brigands. Les dessins de Michel Montheillet illustrent la partie roman.

La postface d’Amos Frappa complète historiquement, scientifiquement, socialement et iconographiquement le roman de Stanislas Petrosky en évoquant bien sûr la balistique mais des sujets plus inattendus comme Émile Zola, Sherlock Holmes ou le bagne de Guyane.

L’affaire Echallier – Stanislas PETROSKY . Parution août 2023 , Éditions AFITT , ISBN 9782379650109 .

Présentation éditeur : Février 1888, Claude Moiroux, vannier sans histoires, est sauvagement agressé en son domicile de Saint-Romain-au-Mont-d'or, près de Lyon. Appelé sur les lieux du fait de l'étrangeté des blessures reçues par le vieil homme, le professeur de médecine Alexandre Lacassagne se trouve confronté à un cas inédit. Avec l'aide de son assistant Ange-Clément, un ex-Apache au passé mystérieux, le scientifique va tenter une expérience hors du commun pour l'époque et mettre en place des techniques d'analyses encore utilisées aujourd'hui par les polices scientifiques du monde entier. Le professeur Alexandre Lacassagne est l'un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l'évolution de la médecine judiciaire. 

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14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 17:31

Alexandre Lacassagne ( 1843 – 1924 ) a été médecin militaire avant d’enseigner la médecine à l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris. En 1878 il rejoint la faculté de médecine de Lyon où il enseigne et effectue des recherches à l’origine de la médecine légale moderne qu’il met en œuvre comme médecin expert auprès des tribunaux. Il a également contribué au développement de la criminologie. Le polar historique a contribué à le faire connaître, tout comme son élève Edmond Locard ou son contemporain Alphonse Bertillon de la Préfecture de Police de Paris.

Le professeur Lacassagne méritait bien un hommage polardeux. Stanislas Petrosky l’a fait d’une belle manière. Pour apporter à ses récits toute la rigueur historique que l’initiateur de la police scientifique exigeait, il collabore avec le lyonnais Amos Frappa enseignant-chercheur spécialiste de la police des XIXème et XXème siècles et des origines de la police moderne. Stanislas Petrosky apporte l’art de raconter des histoire en imaginant un personnage fictif, Ange-Clément Huin, ayant participé aux activités de Lacassagne. Et le charme opère, Huin est le narrateur observateur de Lacassagne au travail, le rapporteur de ses confidences et le témoin de la vie et de la société lyonnaise de cette époque.

Ange-Clément Huin apporte un souffle romanesque dans des récits d’énigmes criminelles issues de faits divers réels que Lacassagne a contribué à élucider. Le jeune Huin est un ancien brigand, un peu anarchiste, un Apache ayant retrouvé le droit chemin en devenant élève du professeur et assistant du légiste et du scientifique Lacassagne consulté lors d’enquêtes  dans des impasses. Chaque récit de cette série baptisée « Les carnets secrets d’Alexandre Lacassagne » mêle habilement « true crime historique » et fiction avec un personnage sympathique bien ancré dans son époque. Les lecteurs désireux d’approfondir les faits divers criminels évoqués seront comblés, à la fin de chaque histoire racontée par Ange-Clément Huin, le spécialiste Amos Frappa prend la parole pour expliquer, préciser et contextualiser dans une rubrique intitulée « Face au crime ». Des documents d’époque sont reproduits, les belles et vivantes illustrations ont été dessinés par Michel Montheillet. Un de ses dessins permet au lecteur de visualiser un surin d’Apache qu’Ange-Clément porte sur lui ( d’où son surnom ).

Surin d'Apache #1  -  L'affaire de l'île Barbe

Surin d'Apache #1 - L'affaire de l'île Barbe

Janvier 1881. Une morgue flottante amarrée quai de l’Hôtel-Dieu à Lyon. Les cadavres des noyés repêchés dans le Rhône y sont entreposés dans l’attente d’une autopsie par le docteur Lacassagne qui ce matin doit examiner un bien curieux cas : le cadavre d’une femme aux jambes coupées retrouvée sur les rives de l’île Barbe enfermée dans un sac. Lacassagne au travail, bistouri à la main, il tranche, ouvre, examine et parle avec Ange-Clément Huin qui a préparé le corps. Ils observent et confrontent leurs déductions. A la fin Ange-Clément recoud et nettoie.  

Alors que Lacassagne et Ange-Clément tentent d’identifier le cadavre de la femme sans jambes, le commissaire spécial de la Sûreté Morin et le sous-inspecteur Jacob ( un sinistre personnage incompétent et plus préoccupé à prouver le passé de brigand d’Ange-Clément ) s’intéressent aux coupables idéaux, marginaux et étrangers habitués des environs de l’île Barbe.

Les relations entre Lacassagne et Ange-Clément sont constituées d’un mélange d’amitié, de respect et surtout de curiosité réciproque et leurs conversations professionnelles et personnelles sont une manière habile pour l’auteur de dresser le portrait de son personnage de fiction et de parler d’Alexandre Lacassagne « Il disposait d’une intelligence au-dessus de la moyenne, d’une immense culture, d’un charisme formidable, et était capable de bizarreries et d’extravagances ». Le récit de Stanislas Petrosky est érudit , il parle d’une manière simple de criminologie, de phrénologie, de tatouages et de … gastronomie lyonnaise et ses quenelles appréciées par Lacassagne. Les autopsies décrites font grimacer de dégoût. L’auteur ne perd jamais de vue l’affaire de l’île Barbe qui se heurte à la difficulté d’identification de la femme-tronc.

La postface d’Amos Frappa apporte des compléments d’informations sur l’enquête pour tenter d'élucider l'affaire de l'île Barbe et sur les personnages secondaires ayant existés ( Morin et Jacob sont de ceux-là ). Il propose également un rapide survol sur l’organisation des services de police et leurs mutations contemporaines de Lacassagne.

Stanislas PETROSKY – L’affaire de l’île Barbe . Parution septembre 2022, Éditions AFITT. ISBN 9782379650048 . Réédition au format poche en avril 2024, Éditions Gallimard / Folio . ISBN 9782073032799 .

AFITT est le sigle de « Assistance et Formations Internationales Thanatopraxie Thanatoplastie.

La thanatoplastie est l’art de reconstituer de façon réaliste, une partie manquante ou délabrée du visage.

Le thanatopracteur intervient sur le corps des défunts, à la demande expresse de la famille, pour une réalisation de soins qui rendent au mort un aspect présentable.

 

Présentation éditeur : Janvier 1881, on découvre sur les bords de la Saône, le cadavre d'une femme mutilée. Les restes sont transportés sur la morgue flottante de Lyon, où ils seront autopsiés. C'est pour Ange-Clément Huin le début d'une grande aventure aux côtés de son maître, le professeur Alexandre Lacassagne. Comment cette mauvaise graine, cet Apache, est devenu le fidèle auxiliaire d'un des plus grands pontes de la médecine légale, c'est ce que vous découvrirez dans ce premier carnet secret...
Le professeur Alexandre Lacassagne est l'un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l'évolution de la médecine judiciaire. Le docteur Amos Frappa, spécialiste du grand professeur, reprend les grands points de l'affaire, explique comment Lacassagne s'est retrouvé face au crime...

 

Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 1 - L'affaire de l'île Barbe
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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 10:16
Natalia SELVA - Les lumières de la ville n'en finissent pas de briller

Fin des années 2010, le lieutenant Frédéric Arroyo de la PJ de Toulouse est envoyé à New York pour se familiariser avec de nouvelles méthodes de travail du FBI pour reprendre les enquêtes d’affaires criminelles anciennes et non résolues, les fameux cold case. Pauline M’Bokolo l’accompagne, c’est une civile en liberté provisoire mais ses connaissances approfondies en informatique apparaissent comme précieuses et sa collaboration pourra l’aider face à la justice.

Le duo français travaille sur un meurtre remontant à 1937, celui de Peter Christchurch, jeune américain dont le cadavre a été retrouvé sur les rivages de Brooklyn. L’enquête de l’époque n’avait pas abouti mais des éléments nouveaux découverts grâce aux nouvelles technologies justifient la réouverture du dossier. Le lieu du crime est mieux situé grâce à des simulations reconstituant la dérive du cadavre dans les eaux de l’East River, une nièce de la victime est auditionnée, elle n’avait pas été questionnée en 1937 car elle n’était alors âgée que de six ans, un inconnu posant aux côtés de la victime sur une photo de presse est identifié, il est encore en vie et peut être interrogé.

Les nouvelles recherches et découvertes qui en découlent sont passionnantes, La prise en compte de l’histoire familiale et du contexte social et politique de l’époque, permettent de dresser le portrait de la victime. Le polar habile de Natalia Selva est un roman noir s’intéressant à la neutralité américaine face aux bouleversements politiques en Europe à la fin des années 1930, notamment la Guerre d’Espagne. La victime s’apprêtait-elle à répondre à « L’appel des Brigades Internationales » ( c’est le sous-titre de ce roman ) ?

Face aux souvenirs susceptibles d’être déformés par le temps, l’auteure introduit des faits historiques que Frédéric Arroyo recueille auprès de sa compagne Hélène qui enseigne l’Histoire à Toulouse. Le roman noir de Natalia Selva devient un récit historique richement documenté où se mêlent de pertinentes réflexions actuelles provoquées par le passé de Pauline M’Bokolo, une femme issue de l’immigration. L’enquête sur le meurtre de Peter dont le véritable prénom est Pietro, n’est pas pour autant perdue de vue ce qui confère à ce roman un intérêt supplémentaire. 

Natalia SELVA – Les lumières de la ville n’en finissent pas de briller . Parution octobre 2024, Éditions Arcane 17 . ISBN 9782493049438 .

Présentation éditeur : Frédéric Arroyo, un policier français, et Pauline M’Bokolo, une hackeuse repentie, participent à un projet international de mise à jour des méthodes d’enquête sur les « cold case » à New York. Cette affaire les plonge dans la perception de la guerre d’Espagne outre-atlantique et l’engagement de certains jeunes américains dans les Brigades internationales. Cette enquête pousse Frédéric à s’interroger sur son héritage familial.
  Ce roman explore des questions très contemporaines du devoir de mémoire et de l’engagement collectif. Comment fonctionne la mémoire ? Comment l’oubli conduit-il à revivre les mêmes tragédies ? Peut-on rester neutre face à l’injustice à l’autre bout du monde ?

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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 12:03
Louise D’AUZAY – Les oubliés de l’enfer vert

Mars 1923, le jeune Charles Lanclerc veut changer de vie. Il était instituteur et il quitte tout pour devenir gardien de l’administration pénitentiaire. Un très bon salaire lui est promis, son nouveau travail l’attend en Guyane.

A n’en pas douter, ce roman de Louise d’Auzay repose sur un travail d’historienne approfondi et rigoureux. J’ai été surpris par les informations restituées et à quel point je méconnaissais l’organisation et la (sur)vie dans les bagnes de Guyane. Il faut en effet parler des bagnes car après leur débarquement à Saint-Laurent-du-Maroni, les forçats étaient répartis dans de nombreux camps isolés sur ou non loin de la côte atlantique. 

Charles Lanclerc embarque pour la Guyane à La Rochelle. Son bateau fait escale à Alger pour prendre en charge des condamnés des colonies africaines. Depuis Saint-Laurent-du-Maroni, les forçats étaient envoyés dans des camps où ils effectuaient des travaux de défrichement puis de mise en valeur agricole. Ils travaillaient parfois ( mais sans salaire ) pour des colons détenteurs de concessions. Les conditions de travail étaient variables mais tous souffraient du climat et des maladies. Dans ce contexte, les employés de la pénitentiaire n'étaient guère mieux lotis.

Charles Lanclerc découvre le bagne et son regard novice permet à l’auteure de raconter le peuplement forcé de la Guyane. C’est bien sûr instructif mais aussi plein d’émotion. C’est une page d’Histoire qui aide également à comprendre la Guyane française actuelle. A noter que l’auteure évoque le reportage qu’a effectué en 1923 Albert Londres au bagne de l’Île Royale au large de Cayenne.

Si les deux premiers tiers de ce livre s’apparentent à un récit historique ( peu de dialogues ), sa fin laisse place à une habile enquête menée par Charles Lanclerc. Il sait lire et écrire, il est donc employé à des tâches administratives. Prenant conscience du nombre important d’évadés disparus, il va chercher à en savoir plus notamment suite à la découverte d’un cadavre et d’ossements près du camp de Saint-Jean-du-Maroni. Une manière habile et vivante de mettre en avant des trafics. « C’est le même enfer pour tout le monde. Garde-chiourme ou bagnard, on est tous prisonniers, ici ! ».

Louise D’AUZAY – Les oubliés de l’enfer vert . Parution juin 2024 , Éditions Terres d’Histoires du groupe City Éditions. ISBN 978-2-8246-2371-9 .

Présentation éditeur : En 1923, quelques années après la Grande Guerre, la France est exsangue. En manque d'effectifs, le bagne de Guyane recrute des gardiens. Charles, jeune étudiant parisien, décide de s'engager, saisissant l'occasion de quitter la métropole et d'oublier son douloureux passé. Mais à Saint-Laurent-du-Maroni, capitale de l'enfer vert, le jeune homme perd rapidement sa naïveté et ses illusions : le bagne, ce n'est que désespoir, maladies et violences. Cependant, lorsque des forçats disparaissent avant d'être retrouvés assassinés dans l'indifférence générale, il ne peut rester sans rien faire. Avec l'aide de quelques hommes en quête de justice, il mène l'enquête. Mais à qui faire confiance lorsque la corruption jusqu'au plus haut niveau de l'administration, l'avidité et les trahisons sont monnaie courante ? Le danger est partout. Surtout lorsqu'on s'approche un peu trop de la vérité...

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