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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 10:20
Frank GOLDAMMER - L'Épouvantail de Dresde

Décembre 1944, Dresde. Des cadavres de femmes atrocement mutilés. L’inspecteur de la Brigade criminelle Max Heller est impuissant, le manque de moyens ne lui permet pas de progresser vers l’identité du meurtrier et son enquête se limite à de vaines recherches de voisinage et dans le passé des victimes et à des patrouilles de nuit dans les rues désertes de Dresde. Werner Oldenbusch, technicien scientifique ne lui est d’aucun secours. Le docteur Schorrer assure modestement les fonctions de médecin légiste. Le supérieur de Heller, le SS Rudolf Klepp est persuadé que le criminel se cache parmi les juifs allemands. Pendant ce temps des rumeurs se répandent, la population parle d’un dépeceur, d’un grand singe qui se serait enfui du zoo.

Ce roman policier historique commence d’une manière très classique dans un contexte de nombreuses fois décrit : une population démunie qui a faim et froid, la peur continuelle de la Gestapo, le quotidien ponctué d’alertes aériennes. La propagande nazie promet le déploiement prochain d’armes miraculeuse pour gagner une situation chaque jour plus proche d’une défaite inéluctable. Fuyant l’ogre soviétique, les réfugiés affluent de l’Est. Le SS Rudolf Klepp, est persuadé que le criminel est un juif qui se cache parmi eux.

Max Heller est un ancien combattant de la Grande Guerre, avec sa femme Karin ils ont deux fils qui combattent sur le front de l’Est et dont ils sont sans nouvelles depuis plusieurs mois.

L’attention du lecteur est relancée dans la seconde partie du roman. Du 13 au 15 février 1945 un déluge de bombes s’abat sur Dresde, des bombes incendiaires brûlent tout, faisant fondre ce qui est métallique, les abris souterrains deviennent des pièges mortels. Dresde est rasée, la population décimée.

L’enquête de Heller reprend en mai 1945. Dresde est occupé par l’Armée Rouge. La police allemande a été supprimée. Les crimes de femmes n’ont pas cessé, Heller a convaincu le général Medvedev de reprendre l’enquête. Il seconde un jeune commissaire politique Alexei Sayatchev dans de nouvelles recherches. Le contexte a changé : traque des anciens criminels nazis psychopathes cachés parmi les anonymes, découverte par le peuple allemands des atrocités commises au nom du 3ème Reich, soldats soviétiques portés par un sentiment de vengeance. Le final des recherches du duo germano-soviétique est réussi avec des rebondissements et un bon suspense qui avait fait défaut avant. Le destin entrevu pour les principaux personnages est habile et permet d’imaginer une suite prometteuse.

Frank GOLDAMMER – L’épouvantail de Dresde . Titre original « Der Angstmann » ( Allemagne – 2016 ) traduit par Justine Coquel pour les Éditions du Masque, parution le 18 septembre 2024 . ISBN 9782702451137 .

Présentation éditeur : Novembre 1944.  Le régime nazi est proche de l’effondrement et la ville allemande de Dresde ploie sous la violence de la pauvreté. Sans compter les rumeurs racontant qu’un être effroyable, à peine un homme, rôde la nuit dans les rues désertes. Lorsqu’on découvre le corps mutilé d’une infirmière dans un cabanon désaffecté, les habitants murmurent aussitôt que c’est l’œuvre de l’Épouvantail.

Max Heller, inspecteur de la brigade criminelle, est déterminé à trouver une explication rationnelle à ce crime, mais la police n’a plus de moyens, et son chef, un SS impitoyable, ne lui épargne rien. Entre la gestion laborieuse des réfugiés en surnombre, le rationnement et les fréquentes alertes aériennes, Heller glane péniblement quelques indices. Mais quand on trouve le corps d’une deuxième femme, il commence à prendre au sérieux la menace de l’Épouvantail …

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22 décembre 2024 7 22 /12 /décembre /2024 07:04
Arttu TUOMINEN - Tous les silences

Coïncidence, lors de la rentrée littéraire d’automne 2024, deux romans parlent de la Finlande dans la seconde Guerre mondiale. Pour respecter la chronologie historique « La guerre d’hiver » est le premier engagement finlandais pour répondre à l’invasion de l’URSS. Olivier Norek en parle magnifiquement dans « Les guerriers de l’hiver » ( voir ICI ). La Finlande est vaincue après une résistance historique de plus de trois mois et début 1940 l’URSS occupe une partie de son territoire. En juin 1941, l’armée finlandaise équipée par l’Allemagne lance une offensive contre l’Armée Rouge. La Finlande se trouve de facto engagée aux côtés des nazis. Le 6 décembre 1941 la Grande Bretagne lui déclare la guerre. Pour illustrer ce second conflit que les finlandais appellent « Guerre de Continuation », Arttu Tuominen a choisi le roman noir et une énigme criminelle de 2019 qui trouve ses racines dans la Guerre de Continuation avec l’engagement de certains soldats finlandais aux côtés des nazis. L’auteur dénonce et rappelle ces évènements oubliés ou cachés.

Septembre 2019, Albert Kangasharju âgé de 97 ans est victime d’une agression dans le parc de la maison de retraite où il réside à Pori, un port finlandais sur la côte du golfe de Botnie. Albert est sauvé grâce à l’intervention d’une infirmière. Ses deux agresseurs prennent la fuite mais tout laisse à penser qu’ils voulaient le pendre car une corde avec un nœud coulant est retrouvée fixée à un arbre. Hospitalisé il est victime d’une nouvelle tentative d’homicide et sauvé par Jari Paloviita de l’unité de Police criminelle régionale.

Le roman d’Arttu Tuominen est scindé en deux histoires distinctes dont il alterne la narration : l’enquête sur l’agression du vieux Kangasharju et le récit historique de finlandais qui en avril 1941 rejoignent l’armée allemande et un centre d’instruction dans le Jura souabe pour constituer le régiment Westland de la division Wiking de la Waffen SS. Ils ont été 1400 finlandais et l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux volontaires Klaus, Martti, Virkkala, Ylikylä et Albert. Ils rejoignent le front sud de l’opération Barbarossa durant l’été 1941. Le roman de l’auteur devient récit historique de guerre, âpres combats pour franchir le Dniepr puis pour rejoindre Bakou et entre les combats exactions atroces, crimes génocidaires envers les civils avec comme point culminant de l’horreur les exécutions sommaires commises dans la forêt ukrainienne de Monastyrskiy fin 1941. Des soldats finlandais participent aux massacres.

L’enquête en 2019 des policiers de Pori est dans l’impasse. Un autre vieillard est assassiné. Le lecteur devine facilement  la solution mais la police manque de preuves pour le mobile des agressions et surtout piétine sur l’identité des meurtriers. L’auteur oriente alors son récit contemporain sur le portrait des enquêteurs et leur vie personnelle. L’ensemble perd un peu de son intérêt d’autant plus que seule la situation de Jari Paloviita est approfondie.  

Quatre-vingt ans après les faits il est difficile d’identifier des criminels de guerre, de prouver leurs actes. Identité modifiée, témoins disparus, il devient quasi impossible d’étayer une accusation. Cette problématique est bien mise en avant par Arttu Tuominen ainsi que les recherches historiques et les investigations journalistiques dont la poursuite est indispensable pour rétablir la vérité. Le roman noir et la littérature se révèlent très efficaces pour raconter le passé dans une sorte de vulgarisation accessible à tous.

Arttu Tuominen – Tous les silences . Titre original « Vaiettu » ( Finlande 2021 ) traduit du finnois par Claire Saint-Germain . Parution le 20 septembre 2024 , Éditions de La Martinière . ISBN 9791040117926 .

Présentation éditeur : Le grand roman noir du passé nazi de la Finlande
Ukraine, 1941. Deux SS tiennent entre leurs mains la vie d’une mère et de son enfant. Au dernier moment, ils décident de leur épargner la fureur de leurs hommes.
Finlande, 2019. Deux hommes s’acharnent sur le corps d’un vieillard et le laissent pour mort. La victime était un ancien combattant méritant et médaillé.
Entre ces deux événements, c’est tout le passé de la Finlande, jamais exhumé, qui se révèle. Celui de jeunes volontaires engagés au sein des Waffen-SS pour lutter, sous les ordres de l’Allemagne nazie, contre l’ennemi bolchévique.

Âpre et puissant comme peuvent l’être Ron Rash ou Dennis Lehane, Arttu Tuominen met à nu la plus grande fracture de l’histoire de la Finlande, dans ce nouveau roman de la série policière Delta noir, déjà couronné des plus grands prix.

Ce roman fait partie d’une série qu’Arttu Tuominen a baptisé « Delta » comme le delta du fleuve Kokemäenjoki lorsqu’il se jette dans le golfe de Botnie après avoir traversé la ville de Pori. « Delta » compte six titres publiés en Finlande entre 2019 et 2024. « Tous les silences » est le troisième tome, venant après « Le serment » ( Finlande 2019 – France 2021 ) et « La revanche » ( Finlande 2020 – France 2023 ). Ces trois premiers romans mettent en scènes les mêmes policiers de Pori, Linda Toivonen, Henrik Oksman et Jari Paloviita sous les ordres de Susanna Manner. Je n’ai lu que « Tous les silences », cela peut expliquer la frustration de voir seulement le portrait de Paloviita mis en avant au détriment de Linda ou d’Henrik Oksman solitaire et surdoué qui intrigue. Il faut toujours commencer une série par le début, je le sais et je viens encore de l’apprendre à mes dépends. « Tous les silences » n’en est pas moins un bon roman noir historique .

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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 15:42
Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 3 - L'affaire Soularue

En novembre 1888 deux amants, Berthe Grimaud et Gabriel Soularue, décident de se suicider. Berthe est retrouvée morte tuée d'une balle dans la tête, Gabriel est évanoui une plaie à la tête, à leurs côtés un petit révolver. Les deux amants s’étaient enfermés dans une chambre. Gabriel Soularue prétend avoir raté son suicide. Le juge d’instruction Vial note des contradictions dans les explications de Soularue, il fait donc appel à Alexandre Lacassagne réputé pour ses expertises criminelles. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément Huin vont procéder à l’exhumation du corps de la défunte Berthe Grimaud et prélever son crâne et ses deux humérus pour les analyser. Le lecteur est soumis à rude épreuve.

Le passé d’Ange-Clément constitue une énigme fictive qui tient en haleine. Le sous-inspecteur Jacob ne fait plus preuve de retenue suite à la mutation de son supérieur Morin. Il est prêt à tout pour prouver le passé de brigand d’Ange-Gabriel et à découvrir sa véritable identité. Sa vie d’avant se révèle peu-à-peu, c’est une source de suspense solide aussi instructive avec le sujet des milieux anarchiste que distrayante avec l’évocation de la triche au jeu de dés et surtout le souvenir de la jeune et belle Ambroisine qui peut être source d’inspiration pour une suite.

Le roman s’achève avec le récit du procès de l’accusé Soularue et sa confrontation aux résultats des différentes expertises scientifiques de Lacassagne s’exprimant en tant que médecin légiste et prouvant des faux témoignages. Cependant ces expertises ne permettent pas aux jurés de répondre à tous les actes d’accusation, l'apport de la science ne constitue qu'une partie des résultats des investigations mis à disposition des jurés pour les aider à délibérer.

La postface d’Amos Frappa est encore une fois d’une grande richesse documentaire, que se soit sur les us et coutumes des Apaches, les tatouages, la presse anarchiste, la crémation des cadavres, l’architecture des cimetières dits « de l’avenir » ou la consommation d’alcool. 

L'ensemble se lit avec plaisir et même avidité tellement le lecteur a hâte de voir Lacassagne à l'oeuvre et conclure. la vie tourmentée d'Ange-Clément constitue un liant aussi instructif qu'agréable. Il est dommage que le roman ne soit plus illustré par les dessins de Michel Montheillet qui permettaient de visualiser des scènes, des visages ou des objets de la partie roman.

Présentation éditeur : Novembre 1888, un couple se rend à l'hôtel des terrasses à Fontaine sur Saône pour un dîner dans un salon privé. Quelques heures plus tard des coups de feu résonnent dans l'établissement. Le propriétaire force la porte et découvre les jeunes gens. La jeune femme, sans connaissance, git à terre, l'homme est assis sur une chaise, il a une plaie sanguinolente à la tempe.
Gabriel sera sauvé, Berthe décède de la suite de ses blessures. Au premier abord, cela ressemble à un suicide passionnel.
Mais quelques jours plus tard, une fois la victime inhumée, de nouveaux éléments laisse penser que cela pourrait être un homicide. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément vont devoir démêler le vrai du faux dans ce terrible fait divers du XIXe siècle.

Chronique de lecture tome 1 : voir ICI

Chronique de lecture tome 2 : voir ICI  

 

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15 décembre 2024 7 15 /12 /décembre /2024 16:46
Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 2 - L'affaire Echallier

Sept années ont passé depuis l’affaire de l’île Barbe  ( voir ICI ), Ange-Clément Huin a acquis de l’expérience, il est devenu un véritable collaborateur scientifique lorsqu’Alexandre Lacassagne officie comme médecin légiste. Février 1888, le duo est à Saint-Romain-au-Mont-d’Or où ils retrouvent le sous-inspecteur Jacob auprès du père Moiroux, un vieillard qui a été agressé et gravement blessé à la tête et au cou. Il a également été atteint par plusieurs balles de petit calibre. La victime a vu son agresseur, « un jeune de seize ans ». Un jeune rôdeur aperçu dans le village fait aussitôt le coupable idéal que la victime identifie malgré son état comateux. Un autre suspect sans alibi pour le jour de l’agression est arrêté. Le juge d’instruction Vial demande alors au professeur Lacassagne d’approfondir ses investigations pour identifier le véritable coupable.

Le père Moiroux décède des suites de ses nombreuses blessures. Lacassagne et Ange-Clément vont autopsier le corps afin qu’il révèle tous ses secrets permettant d’identifier le criminel. Ils vont plus particulièrement s’intéresser aux balles ayant blessé le père Moiroux et effectuer les premières expertises balistiques.

Ce deuxième opus des carnets secrets d’Alexandre Lacassagne allie à merveille documentation historique puisée dans des écrits de l’époque ( et référencée par l’auteur ) et fiction autour du personnage d’Ange-Clément qui voit ressurgir son passé d’Apache et en passe d’être trahi par ses tatouages. C’est l’occasion pour le lecteur de l’entendre parler l’argot de ces brigands. Les dessins de Michel Montheillet illustrent la partie roman.

La postface d’Amos Frappa complète historiquement, scientifiquement, socialement et iconographiquement le roman de Stanislas Petrosky en évoquant bien sûr la balistique mais des sujets plus inattendus comme Émile Zola, Sherlock Holmes ou le bagne de Guyane.

L’affaire Echallier – Stanislas PETROSKY . Parution août 2023 , Éditions AFITT , ISBN 9782379650109 .

Présentation éditeur : Février 1888, Claude Moiroux, vannier sans histoires, est sauvagement agressé en son domicile de Saint-Romain-au-Mont-d'or, près de Lyon. Appelé sur les lieux du fait de l'étrangeté des blessures reçues par le vieil homme, le professeur de médecine Alexandre Lacassagne se trouve confronté à un cas inédit. Avec l'aide de son assistant Ange-Clément, un ex-Apache au passé mystérieux, le scientifique va tenter une expérience hors du commun pour l'époque et mettre en place des techniques d'analyses encore utilisées aujourd'hui par les polices scientifiques du monde entier. Le professeur Alexandre Lacassagne est l'un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l'évolution de la médecine judiciaire. 

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14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 17:31

Alexandre Lacassagne ( 1843 – 1924 ) a été médecin militaire avant d’enseigner la médecine à l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris. En 1878 il rejoint la faculté de médecine de Lyon où il enseigne et effectue des recherches à l’origine de la médecine légale moderne qu’il met en œuvre comme médecin expert auprès des tribunaux. Il a également contribué au développement de la criminologie. Le polar historique a contribué à le faire connaître, tout comme son élève Edmond Locard ou son contemporain Alphonse Bertillon de la Préfecture de Police de Paris.

Le professeur Lacassagne méritait bien un hommage polardeux. Stanislas Petrosky l’a fait d’une belle manière. Pour apporter à ses récits toute la rigueur historique que l’initiateur de la police scientifique exigeait, il collabore avec le lyonnais Amos Frappa enseignant-chercheur spécialiste de la police des XIXème et XXème siècles et des origines de la police moderne. Stanislas Petrosky apporte l’art de raconter des histoire en imaginant un personnage fictif, Ange-Clément Huin, ayant participé aux activités de Lacassagne. Et le charme opère, Huin est le narrateur observateur de Lacassagne au travail, le rapporteur de ses confidences et le témoin de la vie et de la société lyonnaise de cette époque.

Ange-Clément Huin apporte un souffle romanesque dans des récits d’énigmes criminelles issues de faits divers réels que Lacassagne a contribué à élucider. Le jeune Huin est un ancien brigand, un peu anarchiste, un Apache ayant retrouvé le droit chemin en devenant élève du professeur et assistant du légiste et du scientifique Lacassagne consulté lors d’enquêtes  dans des impasses. Chaque récit de cette série baptisée « Les carnets secrets d’Alexandre Lacassagne » mêle habilement « true crime historique » et fiction avec un personnage sympathique bien ancré dans son époque. Les lecteurs désireux d’approfondir les faits divers criminels évoqués seront comblés, à la fin de chaque histoire racontée par Ange-Clément Huin, le spécialiste Amos Frappa prend la parole pour expliquer, préciser et contextualiser dans une rubrique intitulée « Face au crime ». Des documents d’époque sont reproduits, les belles et vivantes illustrations ont été dessinés par Michel Montheillet. Un de ses dessins permet au lecteur de visualiser un surin d’Apache qu’Ange-Clément porte sur lui ( d’où son surnom ).

Surin d'Apache #1  -  L'affaire de l'île Barbe

Surin d'Apache #1 - L'affaire de l'île Barbe

Janvier 1881. Une morgue flottante amarrée quai de l’Hôtel-Dieu à Lyon. Les cadavres des noyés repêchés dans le Rhône y sont entreposés dans l’attente d’une autopsie par le docteur Lacassagne qui ce matin doit examiner un bien curieux cas : le cadavre d’une femme aux jambes coupées retrouvée sur les rives de l’île Barbe enfermée dans un sac. Lacassagne au travail, bistouri à la main, il tranche, ouvre, examine et parle avec Ange-Clément Huin qui a préparé le corps. Ils observent et confrontent leurs déductions. A la fin Ange-Clément recoud et nettoie.  

Alors que Lacassagne et Ange-Clément tentent d’identifier le cadavre de la femme sans jambes, le commissaire spécial de la Sûreté Morin et le sous-inspecteur Jacob ( un sinistre personnage incompétent et plus préoccupé à prouver le passé de brigand d’Ange-Clément ) s’intéressent aux coupables idéaux, marginaux et étrangers habitués des environs de l’île Barbe.

Les relations entre Lacassagne et Ange-Clément sont constituées d’un mélange d’amitié, de respect et surtout de curiosité réciproque et leurs conversations professionnelles et personnelles sont une manière habile pour l’auteur de dresser le portrait de son personnage de fiction et de parler d’Alexandre Lacassagne « Il disposait d’une intelligence au-dessus de la moyenne, d’une immense culture, d’un charisme formidable, et était capable de bizarreries et d’extravagances ». Le récit de Stanislas Petrosky est érudit , il parle d’une manière simple de criminologie, de phrénologie, de tatouages et de … gastronomie lyonnaise et ses quenelles appréciées par Lacassagne. Les autopsies décrites font grimacer de dégoût. L’auteur ne perd jamais de vue l’affaire de l’île Barbe qui se heurte à la difficulté d’identification de la femme-tronc.

La postface d’Amos Frappa apporte des compléments d’informations sur l’enquête pour tenter d'élucider l'affaire de l'île Barbe et sur les personnages secondaires ayant existés ( Morin et Jacob sont de ceux-là ). Il propose également un rapide survol sur l’organisation des services de police et leurs mutations contemporaines de Lacassagne.

Stanislas PETROSKY – L’affaire de l’île Barbe . Parution septembre 2022, Éditions AFITT. ISBN 9782379650048 . Réédition au format poche en avril 2024, Éditions Gallimard / Folio . ISBN 9782073032799 .

AFITT est le sigle de « Assistance et Formations Internationales Thanatopraxie Thanatoplastie.

La thanatoplastie est l’art de reconstituer de façon réaliste, une partie manquante ou délabrée du visage.

Le thanatopracteur intervient sur le corps des défunts, à la demande expresse de la famille, pour une réalisation de soins qui rendent au mort un aspect présentable.

 

Présentation éditeur : Janvier 1881, on découvre sur les bords de la Saône, le cadavre d'une femme mutilée. Les restes sont transportés sur la morgue flottante de Lyon, où ils seront autopsiés. C'est pour Ange-Clément Huin le début d'une grande aventure aux côtés de son maître, le professeur Alexandre Lacassagne. Comment cette mauvaise graine, cet Apache, est devenu le fidèle auxiliaire d'un des plus grands pontes de la médecine légale, c'est ce que vous découvrirez dans ce premier carnet secret...
Le professeur Alexandre Lacassagne est l'un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l'évolution de la médecine judiciaire. Le docteur Amos Frappa, spécialiste du grand professeur, reprend les grands points de l'affaire, explique comment Lacassagne s'est retrouvé face au crime...

 

Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 1 - L'affaire de l'île Barbe
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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 10:16
Natalia SELVA - Les lumières de la ville n'en finissent pas de briller

Fin des années 2010, le lieutenant Frédéric Arroyo de la PJ de Toulouse est envoyé à New York pour se familiariser avec de nouvelles méthodes de travail du FBI pour reprendre les enquêtes d’affaires criminelles anciennes et non résolues, les fameux cold case. Pauline M’Bokolo l’accompagne, c’est une civile en liberté provisoire mais ses connaissances approfondies en informatique apparaissent comme précieuses et sa collaboration pourra l’aider face à la justice.

Le duo français travaille sur un meurtre remontant à 1937, celui de Peter Christchurch, jeune américain dont le cadavre a été retrouvé sur les rivages de Brooklyn. L’enquête de l’époque n’avait pas abouti mais des éléments nouveaux découverts grâce aux nouvelles technologies justifient la réouverture du dossier. Le lieu du crime est mieux situé grâce à des simulations reconstituant la dérive du cadavre dans les eaux de l’East River, une nièce de la victime est auditionnée, elle n’avait pas été questionnée en 1937 car elle n’était alors âgée que de six ans, un inconnu posant aux côtés de la victime sur une photo de presse est identifié, il est encore en vie et peut être interrogé.

Les nouvelles recherches et découvertes qui en découlent sont passionnantes, La prise en compte de l’histoire familiale et du contexte social et politique de l’époque, permettent de dresser le portrait de la victime. Le polar habile de Natalia Selva est un roman noir s’intéressant à la neutralité américaine face aux bouleversements politiques en Europe à la fin des années 1930, notamment la Guerre d’Espagne. La victime s’apprêtait-elle à répondre à « L’appel des Brigades Internationales » ( c’est le sous-titre de ce roman ) ?

Face aux souvenirs susceptibles d’être déformés par le temps, l’auteure introduit des faits historiques que Frédéric Arroyo recueille auprès de sa compagne Hélène qui enseigne l’Histoire à Toulouse. Le roman noir de Natalia Selva devient un récit historique richement documenté où se mêlent de pertinentes réflexions actuelles provoquées par le passé de Pauline M’Bokolo, une femme issue de l’immigration. L’enquête sur le meurtre de Peter dont le véritable prénom est Pietro, n’est pas pour autant perdue de vue ce qui confère à ce roman un intérêt supplémentaire. 

Natalia SELVA – Les lumières de la ville n’en finissent pas de briller . Parution octobre 2024, Éditions Arcane 17 . ISBN 9782493049438 .

Présentation éditeur : Frédéric Arroyo, un policier français, et Pauline M’Bokolo, une hackeuse repentie, participent à un projet international de mise à jour des méthodes d’enquête sur les « cold case » à New York. Cette affaire les plonge dans la perception de la guerre d’Espagne outre-atlantique et l’engagement de certains jeunes américains dans les Brigades internationales. Cette enquête pousse Frédéric à s’interroger sur son héritage familial.
  Ce roman explore des questions très contemporaines du devoir de mémoire et de l’engagement collectif. Comment fonctionne la mémoire ? Comment l’oubli conduit-il à revivre les mêmes tragédies ? Peut-on rester neutre face à l’injustice à l’autre bout du monde ?

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 16:57
Stéphane KELLER  -  Moneda

Dans ce roman le lecteur retrouve Paul-Henri de la Salle un personnage pas des plus sympathiques qui durant la Seconde Guerre mondiale n’avait pas choisi le camp des vainqueurs. C’était le tireur de « Mourir en mai » ( voir ICI ) mais l’uchronie imaginée alors laisse place dans « Moneda » à la vraie Histoire.

Février 1973, de la Salle est devenu Sébastien Desboz de nationalité suisse et propriétaire discret d’un bar restaurant tranquille de Santiago du Chili situé non loin du Palais présidentiel de la Moneda. En 1973 la situation politique et économique chilienne est catastrophique. Salvador Allende est président depuis 1970 à la tête d’une coalition de gauche qui entreprend de profondes réformes et une étatisation de l’économie. La droite nationaliste n’a de cesse de déstabiliser le gouvernement, de provoquer des pénuries et d’organiser des grèves. La violence règne dans l’attente des élections de mars 1973 qui voit l’opposition unie devenir majoritaire au parlement. Salvador Allende reste président et dirige le pays par décrets ce qui est conforme à la constitution chilienne. A partir de cette situation proche du chaos, Stéphane Keller imagine deux récits parfaitement insérés dans la réalité historique chilienne de l’année 1973.

Une serveuse travaillant dans le Bar du Suisse a été assassinée. La police corrompue est inefficace, préférant mettre en avant la responsabilité du gouvernement de gauche. D’autres crimes atroces similaires ont lieu. Pour démasquer le tueur en série, de la Salle engage celui qui est peut-être le dernier flic intègre de Santiago. Cet inspecteur devient détective privé, il est perspicace et efficace mais ne peut terminer sa mission face à un tueur tout aussi habile. Ce tueur est mis en scène, c’est un militaire et l’auteur entraîne le lecteur au plus profond de ses pulsions criminelles et partage sa vie au sein de la communauté militaire et de l’aristocratie chilienne où règnent le patriarcat et la haine du communisme. C’est instructif pour comprendre la réalité historique.

Pendant ce temps la CIA a entrepris une vaste entreprise de déstabilisation du régime chilien. Si après les élections de mars 1973, Allende reste au pouvoir, il faudra aller plus loin et le renverser. Nixon et Kissinger chargent le général Lee Preston Beaulieu d’organiser un putsch. Beaulieu est un va-t-en guerre comme il y en a certainement eu aux USA à cette époque de Guerre froide et de conflit au Viet Nam. La paranoïa guide l’armée, les services secrets et les officines, c’est l’époque du Watergate. Beaulieu se considère comme le seul capable de sauver les USA que les civils mènent à leur perte. Il veut compromettre Kissinger, un juif né en Allemagne et tous les moyens sont bons, tuer n’est pas un problème. Beaulieu est aussi un suprémaciste descendant des premiers colons puritains.

La préparation du putsch militaire du 11 septembre 1973 au Chili ne manque pas de véracité. L’armée chilienne est prête, elle a été formée aux techniques de guerre contre-insurrectionnelle que la France maîtrise depuis la Guerre d’Algérie. Elle a été initiée à la torture. Une répétition générale a eu lieu le 29 juin 1973 avec le soulèvement avorté d’une partie d’un régiment blindé. L’heure du général Augusto Pinochet est arrivée.

Stéphane Keller est un formidable raconteur d’histoire. Encore une fois il excelle dans cet art difficile de la fiction mêlée à l’Histoire, avec des personnages plus vrais que nature. C’est richement documenté. L’auteur reconstitue, dévoile, dénonce. Il réussit aussi à imaginer la personnalité effrayante d’un tueur en série. Les pages défilent, la lecture passionne. « Moneda » est tour-à-tour, roman noir, roman historique, roman policier et roman d’espionnage sans qu’aucune facette ne soit ratée.

Stéphane KELLER  -  Moneda . Parution le 18 septembre 2024, Éditions Toucan Noir .  ISBN 9782810012244.

Présentation éditeur : Les élections approchent et les tensions politiques sont de plus en fortes, tandis que le président Allende tente désespérément de repousser les manœuvres de la CIA pour le renverser.

Dans une ville où l’atmosphère est devenue étouffante, où les grèves et les violences se succèdent, un homme part, seul, à la recherche d’une femme qu’il a aimée.

Cet homme, c’est Sébastien Desboz, le propriétaire du Bar du Suisse, situé près du palais présidentiel de la Moneda, un lieu fréquenté par des employés et des fonctionnaires du quartier. Personne ne sait que Sébastien s’appelle en fait Paul-Henri de la Salles. Personne ne sait qui il a été véritablement et ce qu’il a fait durant la dernière guerre. La jeune femme disparue se prénomme Pilar, c’est l’une des serveuses du bar, et même si leur relation a été épisodique, Paul-Henri n’a plus qu’une obsession : la retrouver.

Au même moment, à la Maison-Blanche, le général Preston Beaulieu est reçu par le président Nixon lui-même en présence du secrétaire d’état Kissinger. Beaulieu est le chef des services spéciaux de l’armée. Nixon est catégorique, il veut définitivement la peau d’Allende.

Alors que Pilar demeure introuvable, des crimes étranges se multiplient et l’étau qui menace la démocratie se fait plus pressant.

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1 octobre 2024 2 01 /10 /octobre /2024 16:20
Pascal CHABAUD  -  La guerre et le crime

C’est la troisième enquête de Joseph Dumont, désormais commissaire à la Brigade régionale mobile de Police judiciaire de Clermont-Ferrand. Il participe au dispositif de sécurité du procès qui s’ouvre le 19 février 1942 à la Cour suprême de justice de Riom et grâce auquel le maréchal Pétain et le régime de Vichy souhaitent démontrer la culpabilité des personnalités politiques qu’ils accusent d’être responsables de la défaite de juin 1940. Léon Blum et Édouard Daladier font partie des accusés.

L’Histoire est un fil conducteur solide des romans de Pascal Chabaud, avec le procès de Riom il choisit de mettre en avant une parodie de justice, un peu oubliée peut-être parce qu’elle n’a abouti à rien. Le régime de Vichy avait pourtant souhaité donner un retentissement mondial à ce procès destiné à asseoir sa légitimité après avoir succédé à la IIIème République et tout en évitant de nuire à l’Allemagne nazie. Des journalistes du monde entier assistent à l’évènement. La censure de Vichy est particulièrement active. Dans ce contexte propice aux rivalités et complots politiques l’auteur imagine une fiction crédible : John McNee, journaliste anglais au Guardian, disparaît.

Cette disparition permet de mettre en avant les qualités de détective de Joseph Dumont aidé par le très efficace Nestor, unique représentant local d’une police scientifique à ses débuts. L’action est au rendez-vous, expéditions nocturnes et fusillades. Les personnages secondaires, fictifs ou réels, enrichissent le volet polar historique de ce roman efficace et  fertile en rebondissements. Les acteurs récurrents sont bien mis en scène, avec concision et suffisamment de précision pour les situer dans le scénario. Le lecteur n’a pas besoin d’avoir lu les deux premières enquêtes de Joseph Dumont pour apprécier pleinement ce troisième roman qui au fil des pages s’affirme de plus en plus comme un roman noir historique.

 Diego le frère du défunt mari de la sœur de Joseph fait une entrée en scène plausible et prétexte à développer un pan tragique de notre Histoire. Il a existé en France des camps de détention construits et administrés par des français et où dans des conditions concentrationnaires indignes et criminelles étaient regroupés des réfugiés espagnols ( hommes, femmes et enfants ) fuyant le franquisme. L’intrigue se déplace dans le Béarn au camp de Gurs qui après l’emprisonnement des réfugiés de la Retirada  a servi d’étape vers la déportation pour les camps d’Europe de l’Est.

Cet épisode des enquête de Joseph Dumont ( et de notre Histoire ) s’achève fin avril 1942, après quelques semaines riches en rappels ou révélations historiques et porté par un suspense policier efficace. Pascal Chabaud a également laissé de nombreux jalons pouvant servir de trame à une suite que j’attends avec impatience.

Pascal Chabaud – La guerre et le crime . Parution le 5 juin 2024, Éditions Christine Bonneton. ISBN 9-782384-871407 .

Présentation éditeur : Saint-Germain-des Fossés, Allier, février 1942. Le corps du journaliste britannique John McNee est retrouvé dans un wagon de marchandises à destination de l'Allemagne. Au même moment, deux journalistes de La Montagne qui font passer des informations à la BBC, interdite en France, sont séquestrés. Tous trois couvraient le procès de Riom, qui juge les « responsables de la défaite » de juin 1940. Procès sous haute tension, où le régime de Vichy joue sa survie, face à une Allemagne qui pousse au retour de Pierre Laval pour une « collaboration » plus efficace. Le commissaire Joseph Dumont, aidé de Nestor Bondu, responsable de la police scientifique de Clermont, plonge à nouveau dans les aspects les plus sombres de l'âme humaine, tandis que sa soeur Irène traverse la zone sud jusqu'au camp de Gurs, où elle apprend la vérité sur le père de son fils, républicain espagnol, et découvre les atrocités commises pendant la guerre d'Espagne.

Les enquêtes de Joseph Dumont,  tome 1 "Mort d'un sénateur" : voir ICI 

Les enquêtes de Joseph Dumont, tome 2 "Tuer Pétain" : voir ICI 

 

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 16:02
Simon MOCKLER - Projet Iceworm

Le projet américain Iceworm a véritablement existé durant les années 1960 et la Guerre froide dans le nord du Groenland. Camp Century situé à deux cent vingt-cinq kilomètres à l’est de Thulé était une gigantesque base militaire constituée de tunnels creusés dans la glace. Camp Century était destiné à abriter des missiles nucléaires pointés sur L’URSS. Camp Century a perdu sa vocation dès 1965 et est définitivement abandonné en 1967 en raison d’importants affaissements et mouvements de la glace.

Jack Miller est un psychiatre newyorkais intervenant occasionnellement pour la CIA. Le 27 décembre 1967 il commence à Langley l’interrogatoire du 2ème classe Connor Murphy seul survivant des trois derniers occupants de Camp Century. Ces deux compagnons, Owen Stiglitz un scientifique et le sergent Henry Carvell ayant combattu au Vietnam, ont trouvé la mort dans un incendie inexpliqué, leurs cadavres consumés presque réduits en cendres. Connor Murphy a survécu à ses graves brûlures. Que s’est-il passé alors qu’ils attendaient leur évacuation ? C’est ce que veut savoir la CIA qui agit en solo, sans en référer à l’armée américaine. Jack Miller n'a pas son pareil pour faire parler les gens et déceler mensonges et vérité.

Ce roman de Simon Mockler est un récit d’espionnage. Il ne faut donc pas s’attendre à une suite effrénée de scènes d’action. La reconstitution des derniers jours de Camp Century se fait au gré des souvenirs incertains de Connor Murphy durant ses rares moments de lucidité entre opérations chirurgicales et comas artificiel. Jack Miller va aussi interroger d’anciens occupants de la base ayant côtoyé Murphy et ses deux compagnons brûlés vifs.

Le portrait de Jack Miller est très approfondi, c’est un ancien combattant de la Guerre du Pacifique. Son épouse est décédée dans un accident de voiture alors qu’il conduisait, il a survécu tout en étant gravement brûlé aux bras. Les traumatismes liés aux séquelles de graves brûlures et de la guerre ( la Guerre du Vietnam fait rage ) jalonnent le roman de Simon Mockler qui se complique avec son lot de d’énigmes, de mystères, de manipulations et de défiance favorisé par la Guerre froide. Des émissions radio clandestines et codées en provenance de Camp Century ont été captées lors du séjour des trois derniers occupants. Jack Miller a la sensation d’être suivi. Son appartement est fouillé, il est passé à tabac. La tension monte progressivement jusqu’à une course-poursuite dans une tempête de neige qui balaie tout le nord-est des USA et un suspense final au Groenland.

Simon MOCKLER – Projet Iceworm . Titre original «The dark that doesn’t sleep» ( Royaume Uni 2023 ), traduit de l’anglais par Chloé Royer pour les Éditions Belfond Noir, parution 7 mars 2024 . ISBN 9782714403438 .

Présentation éditeur : Hiver 1967. Alors qu’une tempête de neige fait rage, trois soldats américains se retrouvent piégés dans l’incendie d’une base nucléaire secrète au Groenland. Un seul survit. Brûlé sur la quasi-intégralité du corps, l’homme n’a aucun souvenir de l’accident.
Pour le faire parler, la CIA convoque Jack Miller, un psychiatre new-yorkais réputé, lui-même encore fortement marqué par la Seconde Guerre mondiale. Miller sent bien que le rescapé en sait plus qu’il ne veut le dire. D’où vient cette peur dans son regard ? Quel mal étrange a conduit plusieurs de ses camarades à faire des séjours en asile psychiatrique ? Que se passait-il vraiment dans cette base arctique ?
 Dans un monde rongé par la paranoïa, les secrets et les malentendus coûtent cher. Et à s’approcher trop près de la vérité, Miller pourrait vite en découvrir le prix…

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12 mai 2024 7 12 /05 /mai /2024 09:28
Olivier BARDE-CABUÇON - Le Cercle des rêveurs éveillés

Gabriel de la Biole est retrouvé mort dans sa chambre, la gorge tranchée. Il a laissé un énigmatique message sur sa table de chevet. Gabriel consultait le célèbre psychanalyste Alexandre Santaroga qui voudrait bien résoudre sinon comprendre le mystère qui entoure la mort de son patient. Gabriel fréquentait le Cercle des rêveurs éveillés dont les participants suivant leur guide se livrent à des expériences de médium pour entrer en contact avec l’inconscient et déclencher des discours automatiques non commandés par la raison.

Spiritisme ? Interprétation des rêves ? Médium ? Il y a un peu de cela dans ce roman d’Olivier Barde-Cabuçon mais il vaut surtout par la reconstitution de la vie parisienne en 1926. Les années folles portent bien leur nom sans doute pour oublier les traumatismes du premier conflit mondial, peut-être pour ignorer la montée du fascisme. L’auteur fait profiter le lecteur d’un véritable travail d’historien dans sa reconstitution du Paris de cette époque avec ses nuits mondaines folles. Le jazz s’impose tout comme le charleston et le tap danse. Les jeunes femmes ont les cheveux courts. Cocktails et cocaïne font bon ménage.

Pour infiltrer le Cercle des rêveurs éveillés Santaroga recrute la jeune et belle Varya pour quelques centaines de francs. Varya est russe et a bien besoin de cet argent. Désormais la relation entre Varya et Santaroga va constituer un fil conducteur solide où se mêle complicité et faux semblant. Varya a-t-elle fui le communisme où est-elle en mission pour les soviétiques ? L’insouciance apparente des années folles dissimule une période politique angoissante, la peur du communisme justifie-t-elle une alliance avec Mussolini ? La Sûreté générale enquête sur la mort de Gabriel de la Biole qui a tout d’une affaire d’espionnage.     

L’auteur est érudit, sa reconstitution est aussi fidèle lorsqu’il parle du quotidien parisien que lorsqu’il met en scène des personnages réels. La rencontre avec Tamara de Lempicka est un régal. L’auteur parle des surréalistes, de l’Histoire russe, d’Alice au pays des merveilles. L’auteur est habile et ses personnages fictifs sont parfaitement intégrés dans le réel. La magie opère, l’improbable devient plausible. La lecture plaisir rejoint la lecture instructive.

Olivier BARDE-CABUÇON – Le Cercle des rêveurs éveillés . Parution avril 2021, Série Noire des Éditions Gallimard. ISBN 978207215956 . Réédition au format poche en avril 2022, Éditions Gallimard, collection Folio policier ( n°959 ) . ISBN 9782072965029 . Exemplaire lu dédicacé par l’auteur, Salon du livre de Nemours, Le coquelicot noir, janvier 2024.

Présentation éditeur : Paris 1926. Tournées vers les plaisirs et la fête, les années folles battent leur plein et Montparnasse est le nombril du monde. La mort suspecte d’un patient amène Alexandre Santaroga, psychanalyste atypique, à s’intéresser à un mystérieux cercle de rêveurs éveillés. La rencontre fortuite avec Varya, récemment échappée de la Russie bolchevique, lui permettra d’y enquêter. Mais Santaroga a-t-il introduit une brebis ou un loup au sein du cercle ?
Surréaliste et adeptes du rêve éveillé, aventurière et artiste, Russes blancs ou Américain en goguette, Olivier Barde-Cabuçon donne vie à une galerie de personnages étonnants du Paris flamboyant de l’époque tandis qu’en coulisses se dessinent la montée du fascisme et la tentation de dangereuses alliances.

Bibliographie de l'auteur : voir ICI

 

Olivier BARDE-CABUÇON - Le Cercle des rêveurs éveillés
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