Bibliographies , histoire , fiches de lecture , romans historiques , polar et romans noirs : mille et un auteurs , mille et une feuilles à lire , mille et une ... histoire !
Alexandre Courban a pris comme point de départ l’année 1934 pour raconter le Front Populaire ( voir ICI , « Passage de l’Avenir, 1934 » ). Cette année a été un tournant dans les luttes des ouvriers qui ont pris en main ( et le poing levé ) leur avenir. L’année 1935 que l’auteur parcourt dans ce deuxième tome est l’année des espérances que les ouvriers unis façonnent tout d’abord dans la rue avant de les renforcer dans les urnes lors des élections municipales du mois de mai. Alexandre Courban propose aux lecteurs un roman historique et social, avec des moments de bravoure, des larmes et de la joie, des souffrances et des victoires de la classe ouvrière. Son récit est profondément humain.
Trois personnages récurrents permettent d’explorer cette époque. Gabriel Funel est journaliste, responsable de la rubrique social du quotidien L’Humanité , il est là pour rapporter la parole des ouvriers, témoigner. Le commissaire Roger Bornec, flic solitaire terrassé par le décès de sa jeune épouse, peine à donner un sens à sa vie et c’est ce qui le rend opiniâtre dans ses enquêtes, obnubilé par la découverte de la vérité, parfois à l’envers de l’institution policière. Camille Dubois, entrevue dans le premier tome, occupe désormais une place centrale, elle a quitté la raffinerie de la Jamaïque pour rejoindre le service des abonnements de L’Humanité. En dehors de son travail, elle s’adonne à la photographie, une véritable passion pour immortaliser le quotidien des gens ordinaires. Les années trente sont marquées par des vulgarisations technologiques majeures. Il y a la photographie qui désormais peut fixer de manière simple et rapide chaque instant de la vie. Il y a aussi l’aéronautique, en plein essor pour profondément modifier les transports.
Un cadavre a été découvert dans une rame de la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. La rame était déserte, pas de témoin, la victime dénommée André Legendre a été poignardée. L’arme du crime a été retrouvée, il s’agit d’un étrange couteau à la lame en feuille de laurier. Un crime mystérieux pour le commissaire Bornec ! Pendant ce temps, le journaliste Funel réalise une série de reportage sur les conditions de travail dans la nouvelle industrie aéronautique, il a un contact privilégié en la personne de Luigi Balzola, d’origine italienne et secrétaire du syndicat des métaux de l’usine de la Société des moteurs Gnome et Rhône. André Legendre, le poignardé du métro, travaillait comme dessinateur industriel dans cette même usine située boulevard Kellermann dans le 13ème arrondissement de Paris. Comme dans « Passage de l’avenir » le 13ème arrondissement est au cœur des intrigues et de l’Histoire sociale racontées par l’auteur.
L’aviation. L’Italie. Deux sujets sensibles à l’époque. La France négocie pour se faire un allié de l’Italie fasciste de Mussolini dont les ambitions expansionnistes en Abyssinie inquiètent. L’aéronautique est une technologie sensible, La Sûreté traque à tout va les espions, même L’Humanité est accusé d’espionnage avec ses reportages auprès des syndicalistes. Ce contexte permet à Alexandre Courban de développer une intrigue habile, crédible et instructive, tout en étant riche en suspense et rebondissements qui font grandir le plaisir de lire au fil des pages. Il ne perd jamais de vue le contexte social et on sent bien qu’un évènement politique grandiose est en train de naître. L’enquête du commissaire Bornec est très bien documentée et avance lentement mais la narration reste alerte, ponctuée d’anecdotes sur le fonctionnement de l’Humanité, quotidien dont le lectorat est de plus en plus national, sur la géopolitique européenne avec la montée du fascisme qui inquiète plus les communistes que le ministre Laval et sur l’aéronautique qui intéresse de plus en plus les fauteurs de guerre.
Le récit d’Alexandre Courban s’achève début octobre 1935. « Demain commence aujourd’hui » songe Camille, j’espère que cette pensée annonce une suite encrée dans l’année 1936.
Alexandre COURBAN – Rue de l’Espérance, 1935 . Parution le 23 janvier 2025 , Éditions Agullo. ISBN 978-2-38246-125-9 .
Présentation éditeur : Paris, 1935. En parallèle d’une lutte des classes qui s’organise, la course effrénée au développement aéronautique bat son plein. André Legendre, dessinateur industriel dans la société Gnome et Rhône, est retrouvé égorgé dans le métro.
Le commissaire Bornec tente d’élucider ce meurtre, tandis que le journaliste de L’Humanité Gabriel Funel enquête sur les conditions de travail des métallurgistes.
Le duo est rejoint par Camille Dubois, passionnée de photographie qui, tout juste émancipée de sa condition ouvrière, a réussi à sécuriser un emploi au journal.
Alexandre Courban signe, avec Rue de l’Espérance, 1935, le deuxième volume de sa grande saga historique et policière sur le Front populaire. Grâce à un formidable travail de recherche sur l’aéronautique et la photographie, il nous plonge au cœur des avancées technologiques et des tourments de l’entre-deux guerres.