polar historique
Éric DECOUTY - La femme de pouvoir
Simon Kaspar est un jeune inspecteur passionné par son travail à la Brigade mondaine. Ce n’est pas le service le plus prestigieux de la Préfecture de Police au quai des Orfèvres à Paris mais il s’y plait. Des erreurs de jeunesse n’ont pas altéré son enthousiasme et il garde la confiance de ses chefs. Nous sommes en 1973, la Mondaine est chargée de surveiller, contrôler et réprimer ( parfois seulement tolérer ) toutes les activités essentiellement nocturnes liées au sexe et à la prostitution et accessoirement collecter pour le pouvoir en place des informations sur d’éventuels vices cachés de personnalités.
Une prostituée a été sauvagement assassinée, l’enquête n’est pas pour la Mondaine mais pour la Crim’. Cependant Kaspar s’intéresse à ce meurtre qui n’est pas isolé. Il y en a eu d’autres par le passé, même mode opératoire. La mort violente d’une prostituée intéresse peu sauf Kaspar qui en flic perspicace et tenace se renseigne, fouille dans les archives, découvre des incohérences dans les enquêtes officielles. Kaspar agit en solo, sans se presser, une sorte de quête personnelle.
D’Éric Decouty j’ai lu «L’affaire Martin Kowal» ( voir ICI ) paru après « La femme de pouvoir ». Martin Kowal, jeune flic des Renseignements Généraux enquêtait du temps de Giscard d’Estaing et découvrait des scandales liés à la politique étrangère française. Avec Simon Kaspar, l’auteur explore les années Pompidou et ses scandales politiques. L’époque se révèle propice au culte du secret avec des officines comme le SAC. Mais il y en avait d’autres en lien avec la DST et plus spécialement chargées de savoir, de percer les secrets des autres, d’écouter ses adversaires, poser des micros. Ecouter Le Canard enchaîné. Ecouter Mitterrand. Traquer les gauchistes.
Simon Kaspar est aux premières loges pour croiser un des secrets de Pompidou qui veut se venger de ceux qui ont voulu l’atteindre avec l’affaire Markovic. Un nom revient sans cesse lorsqu’on travaille à la Mondaine : celui de La Rouquine aussi surnommée Madame Lucienne ou Madame Hélène « … petite pute juive devenue mère maquerelle. L’indic de Paris la plus mise à contribution, et la plus grande corruptrice de flics et du reste … ».
Éric Decouty offre au lecteur autant un roman policier qu’un récit historique et qu’une investigation journalistique à laquelle il emprunte son style, direct et précis. Il n’élude rien, va au fond des choses et met en scène les célébrités de l’époque, pas seulement politiques, impliquées dans des affaires complexes, mélange de corruption, de manipulation et de déstabilisation, qui trouvent leurs racines dans une époque ( l’occupation et la collaboration ) qui n’en finit pas d’engendrer des divisions, des rancoeurs et des règlements de compte.
Éric DECOUTY – La femme de pouvoir . Parution mars 2022 , Éditions Liana Levi . ISBN 9791034905362.
Présentation éditeur : Paris, 1973. La Rouquine a étendu son empire dans tout Paris, de son bordel de luxe jusqu’aux hautes sphères de l’État. Un jeune flic de la Brigade mondaine, en cherchant à enquêter sur des assassinats de prostituées non résolus, va se heurter à cette figure de l’ombre. Rien n’a préparé Simon Kaspar, entré au prestigieux 36 avec une seule idée en tête – élucider par lui-même le meurtre de sa mère –, à affronter les réalités les plus troubles en ces derniers mois de la présidence de Pompidou. Un univers fait de coups tordus, d’écoutes illégales, de manipulations, où tout ramène sans cesse à la Rouquine. Celle à qui les chefs du Quai des Orfèvres ne refusent rien. Celle qui intéresse un commissaire des services secrets pour son rôle dans des opérations de déstabilisation. Celle dont le compagnonnage avec la police aurait débuté en 1943, quand l’heure était aux rafles de Juifs et de résistants FTP-MOI…
Freddy VINET - Pétrole meurtrier
Mai 1933, André Bravard ingénieur des pétroles à l’Office National des Combustibles Liquides est nommé chef d’exploitation à Gabian dans l’Hérault où est extraite de l’huile de pétrole, sa mission est très particulière et délicate, son directeur lui demande d’éclaircir le mystère de la disparition en 1928 de Guillaume Dollfuss un ancien responsable de l’exploitation pétrolière en Languedoc. Dollfuss a disparu sans laisser de trace. A-t-il fuit à l’étranger ? A-t-il été assassiné ?
En 1933 l’extraction de pétrole à Gabian touche à sa fin après avoir été en 1924 le plus gros gisement de France. Les espoirs s’amenuisent, la France ne sera pas un eldorado du pétrole, c’est en Mésopotamie qu’il coule à flot. Mais on a cru au pétrole français dans les années 1920. Le roman de Freddy Vinet est une mine de renseignements sur le gisement de Gabian et sur celui de Pechelbronn en Alsace lui aussi sur le déclin. Les investissements ont été importants, bouleversant la vie locale. Et puis la production s’était rapidement révélée dérisoire face à l’augmentation des besoins. Prospection novatrice, formations spécifiques, tout a été fait pour que la France soit à la pointe de l’exploitation et du traitement de cette matière première stratégique. Mais il manquait la ressource.
L’enquête de Bravard n’est qu’un prétexte pour explorer l’Histoire du pétrole français des années 1920 - 1930. C’est une véritable reconstitution économique, politique et sociale, facile d’accès, agréablement racontée. Freddy Viney ne perd jamais de vue l’enquête de son héros dans ce qui est un polar historique passionnant. Rien ne manque depuis les rivalités politiques nationales, l’industrialisation sauvage, les propriétaires ruraux spoliés, les inégalités salariales, la condition féminine. Les conditions de travail surprennent car l’exploitation se faisait dans des galeries souterraines profondes. Les raisons expliquant l’assassinat de Dollfuss qui était un dirigeant ambitieux, manipulateur et méprisant ne manquent pas.
Ce roman policier historique de Freddy Vinet est une belle lecture, instructive et agréable dans tous les sens du terme puisque l’impression est intégralement faite sur papier glacé.
Freddy VINET – Pétrole meurtrier . Parution juin 2024 , Éditions Auteurs d’Aujourd’hui . ISBN 978-2-37629-206-7 .
Présentation éditeur : Paris. Mai 1933. André Bravard est ingénieur des pétroles à l'Office National des Combustibles Liquides. Il ronge son frein dans un bureau parisien en rêvant d'un poste en Mésopotamie mais son directeur l'envoie enquêter à Gabian. Là, cinq ans auparavant, en 1928, dans une petite exploitation pétrolière du Languedoc, Guillaume Dollfuss, ancien ingénieur des mines de pétrole de Pechelbronn en Alsace, a disparu mystérieusement.
L'intrigue de cette affaire judiciaire classée se situe dans des décors bien réels, ceux des gisements pétroliers de Gabian dans l'Hérault et de Pechelbronn dans le Bas-Rhin, deux de ces Ovni économico-historiques de l'entre-deux-guerres quand la ressource d'hydrocarbure de cette période industrielle était propice à toutes les convoitises. Que révèlent les investigations de l'enquêteur ? Fuite ? Suicide ? Assassinat ? Les ruses des manipulateurs parviendront-elles à vaincre la sagacité et la pugnacité de l'ingénieur Bravard ? Du Languedoc à l'Alsace et au Moyen-Orient, réussira-t-il à résoudre l'énigme de cette disparition ?
Romain SLOCOMBE - Sadorski chez le docteur Satan
Le lecteur retrouve Sadorski là où il l’avait laissé à la fin de « J’étais le collabo Sadorski » ( voir ICI ), le 27 octobre 1944 à la limite des départements de l’Eure et de Seine-et-Oise. Il a perdu sa valise remplie d’argent, sa femme Yvette ne va pas bien mais il s’en est sorti. Il s’en sort toujours, il n’est pas regardant sur la méthode. Il a aussi beaucoup de chance. Avec son passé de collabo, il lui faut retrouver d’autres collabos. Et il en croise et ils vont l’aider. L’ex inspecteur principal adjoint de la 3ème section des Renseignements Généraux à la Préfecture de Police de Paris a toujours eu de la chance.
Léon Sadorski revient en banlieue parisienne. Fin 1944 la guerre n’est pas finie, le front s’est éloigné, la résistance a changé de camp, la police française se réorganise. Sadorski a de la chance. La baraka ! Il redevient flic, et à la crim en plus, sous le nom de Jules Réquillard. Une moustache contribue à faire la différence. La police a une priorité, confondre Petiot, sinistre criminel désireux de se faire passer pour un résistant.
L’Histoire a rattrapé Sadorski, ou le contraire. Petiot, alias docteur Satan comme on l’appelle, est arrêté le 31 octobre 1944. Sadorski est dans le coup car il peut l’identifier, il l’a déjà croisé par le passé. Sadorski / Réquillard sait se rendre utile, il est calculateur, il sait se placer. Il a aussi de réels talents de flic. Il est en première ligne, sans trop se faire voir. Il contribue à reconstituer le passé criminel de Petiot. Il s’implique aussi dans la traque de la Cinquième Colonne, ces espions à la solde des nazis. Les temps ont changé, il faut séduire ceux qui dirigent désormais la France.
Sado n’a pas perdu la main, as de la filature, perspicacité, opiniâtreté, manipulateur et menteur. Il a profité de l’occupation allemande, il va profiter de l’enquête sur Petiot pour partir à la chasse du trésor amassé par ce docteur criminel. Il pourrait devenir riche, recommencer une nouvelle vie avec sa femme Yvette. Au passage s’il peut séduire l’épouse de son collègue Lavigne, ce sera un petit plus.
Sadorski est un anti-héros, un criminel comme il y en a eu beaucoup à cette époque où la clandestinité et le mensonge étaient la norme et favorisaient tous les bas instincts. Romain Slocombe continue de fouiller dans l’Histoire et entame une nouvelle trilogie, celle « des damnés ». L’Histoire est un véritable moteur, une source d’inspiration que l’auteur mêle habilement et de manière justement dosée dans une fiction de littérature noire très proche de la réalité. Le final de ce roman est grandiose, une course exceptionnelle, une course de tous les excès. Sadorski veut tout gagner. Il risque aussi de tout perdre.
Romain SLOCOMBE – Sadorski chez le docteur Satan . Parution le 26 septembre 2024 , Éditions Robert Laffont, collection « La Bête noire » . ISBN 9782221264157.
Présentation éditeur : Octobre 1944 : les polices gaulliste et communiste traquent Marcel Petiot, le tueur en série qui sous l'Occupation découpait et brûlait les malheureuses victimes de sa fausse filière d'évasion de Juifs.
Ces mêmes polices recherchent activement Sadorski, flic collabo en fuite, qui pour leur échapper s'est joint à des Français pronazis parachutés en territoire libéré pour y commettre des attentats. Lâché par ses complices, il trouve asile chez un collègue, brillant jeune enquêteur de la PJ et marié à une femme ravissante...
La fatalité veut que Sadorski et Petiot se rencontrent. Le " génie du Mal " va inspirer à l'inspecteur déchu une de ses plus monstrueuses entourloupes ; tandis que " Sado ", lui, compte bien mettre la main sur le trésor caché du docteur Satan.
Romain SLOCOMBE, bibliographie série Sadorski : voir ICI
Alexandre COURBAN - Rue de l'Espérance, 1935
Alexandre Courban a pris comme point de départ l’année 1934 pour raconter le Front Populaire ( voir ICI , « Passage de l’Avenir, 1934 » ). Cette année a été un tournant dans les luttes des ouvriers qui ont pris en main ( et le poing levé ) leur avenir. L’année 1935 que l’auteur parcourt dans ce deuxième tome est l’année des espérances que les ouvriers unis façonnent tout d’abord dans la rue avant de les renforcer dans les urnes lors des élections municipales du mois de mai. Alexandre Courban propose aux lecteurs un roman historique et social, avec des moments de bravoure, des larmes et de la joie, des souffrances et des victoires de la classe ouvrière. Son récit est profondément humain.
Trois personnages récurrents permettent d’explorer cette époque. Gabriel Funel est journaliste, responsable de la rubrique social du quotidien L’Humanité , il est là pour rapporter la parole des ouvriers, témoigner. Le commissaire Roger Bornec, flic solitaire terrassé par le décès de sa jeune épouse, peine à donner un sens à sa vie et c’est ce qui le rend opiniâtre dans ses enquêtes, obnubilé par la découverte de la vérité, parfois à l’envers de l’institution policière. Camille Dubois, entrevue dans le premier tome, occupe désormais une place centrale, elle a quitté la raffinerie de la Jamaïque pour rejoindre le service des abonnements de L’Humanité. En dehors de son travail, elle s’adonne à la photographie, une véritable passion pour immortaliser le quotidien des gens ordinaires. Les années trente sont marquées par des vulgarisations technologiques majeures. Il y a la photographie qui désormais peut fixer de manière simple et rapide chaque instant de la vie. Il y a aussi l’aéronautique, en plein essor pour profondément modifier les transports.
Un cadavre a été découvert dans une rame de la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. La rame était déserte, pas de témoin, la victime dénommée André Legendre a été poignardée. L’arme du crime a été retrouvée, il s’agit d’un étrange couteau à la lame en feuille de laurier. Un crime mystérieux pour le commissaire Bornec ! Pendant ce temps, le journaliste Funel réalise une série de reportage sur les conditions de travail dans la nouvelle industrie aéronautique, il a un contact privilégié en la personne de Luigi Balzola, d’origine italienne et secrétaire du syndicat des métaux de l’usine de la Société des moteurs Gnome et Rhône. André Legendre, le poignardé du métro, travaillait comme dessinateur industriel dans cette même usine située boulevard Kellermann dans le 13ème arrondissement de Paris. Comme dans « Passage de l’avenir » le 13ème arrondissement est au cœur des intrigues et de l’Histoire sociale racontées par l’auteur.
L’aviation. L’Italie. Deux sujets sensibles à l’époque. La France négocie pour se faire un allié de l’Italie fasciste de Mussolini dont les ambitions expansionnistes en Abyssinie inquiètent. L’aéronautique est une technologie sensible, La Sûreté traque à tout va les espions, même L’Humanité est accusé d’espionnage avec ses reportages auprès des syndicalistes. Ce contexte permet à Alexandre Courban de développer une intrigue habile, crédible et instructive, tout en étant riche en suspense et rebondissements qui font grandir le plaisir de lire au fil des pages. Il ne perd jamais de vue le contexte social et on sent bien qu’un évènement politique grandiose est en train de naître. L’enquête du commissaire Bornec est très bien documentée et avance lentement mais la narration reste alerte, ponctuée d’anecdotes sur le fonctionnement de l’Humanité, quotidien dont le lectorat est de plus en plus national, sur la géopolitique européenne avec la montée du fascisme qui inquiète plus les communistes que le ministre Laval et sur l’aéronautique qui intéresse de plus en plus les fauteurs de guerre.
Le récit d’Alexandre Courban s’achève début octobre 1935. « Demain commence aujourd’hui » songe Camille, j’espère que cette pensée annonce une suite encrée dans l’année 1936.
Alexandre COURBAN – Rue de l’Espérance, 1935 . Parution le 23 janvier 2025 , Éditions Agullo. ISBN 978-2-38246-125-9 .
Présentation éditeur : Paris, 1935. En parallèle d’une lutte des classes qui s’organise, la course effrénée au développement aéronautique bat son plein. André Legendre, dessinateur industriel dans la société Gnome et Rhône, est retrouvé égorgé dans le métro.
Le commissaire Bornec tente d’élucider ce meurtre, tandis que le journaliste de L’Humanité Gabriel Funel enquête sur les conditions de travail des métallurgistes.
Le duo est rejoint par Camille Dubois, passionnée de photographie qui, tout juste émancipée de sa condition ouvrière, a réussi à sécuriser un emploi au journal.
Alexandre Courban signe, avec Rue de l’Espérance, 1935, le deuxième volume de sa grande saga historique et policière sur le Front populaire. Grâce à un formidable travail de recherche sur l’aéronautique et la photographie, il nous plonge au cœur des avancées technologiques et des tourments de l’entre-deux guerres.
Luke McCALLIN - Conspiration
La trilogie de Luke McCallin mettant en scène Gregor Reinhardt, enquêteur dans l’Abwehr puis dans le Feldjägerkorps de l’armée allemande, s’est démarqué des désormais nombreux polars historiques dans la Seconde Guerre mondiale en situant deux récits dans l’actuel Bosnie. La qualité de ses recherches de l’auteur mérite d’être félicitée, il n’est jamais facile d’explorer hors des sentiers battus. Son troisième roman aurait pu constituer une fin honorable pour son enquêteur. Luke McCallin sait aussi se renouveler, dans son quatrième roman, son héros récurrent est mis en scène durant la Première Guerre mondiale et encore une fois l’auteur surprend par la qualité de la reconstitution du contexte historique.
Juillet 1918, le lieutenant Reinhardt commande un peloton de fusiliers de l’armée allemande sur le front de Picardie. Deux bombes explosent dans un poste arrière faisant plusieurs victimes parmi des officiers. Parmi les blessés, le soldat Sattler a été retrouvé un pistolet à la main, une grave blessure à la tête. Sattler fait le poseur de bombes parfait qui aurait tenté de se suicider une fois son attentat commis. Sattler a de mauvais états de service, militant communiste avant guerre, il n’avait jamais cessé de militer depuis sa mobilisation. Le lieutenant Reinhardt était le supérieur de Sattler, il va participer à l’enquête de la Feldgendarmerie. Sattler fait un coupable évident. Reinhardt est beaucoup plus curieux et cherche à comprendre pourquoi Sattler est devenu un terroriste avant de l’accuser.
Pour dresser le portrait des principaux protagonistes, l’auteur effectue de fréquents retours dans le passé. Sous les ordres de Reinhardt, Sattler était sur le front de l’Est fin 1917 dans la région de Riga. Ils ont vu des russes et des allemands fraterniser, s’accorder sur la Paix et parler socialisme. Les russes refusant le bolchevisme ont rejoint les rangs allemands.
Durant l’opération Michael, offensive allemande en Picardie à partir de mars 1918, des désertions, des refus de combattre ont eu lieu dans les rangs allemands où il y avait des russes qui faisaient face à d’autres russes dans les rangs français. Des russes sont-ils devenus espions ? Une mutinerie couve-t-elle dans les rangs allemands ? La complexité du contexte historique alimente l’enquête de Reinhardt. Des morts suspectes ont lieu parmi les survivants de l’attentat imputé à Sattler. Un adjudant de la gendarmerie française enquête sur l’assassinat d’un officier français, des russes sont soupçonnés. Une collaboration avec Reinhardt surprend mais est plausible dans la Picardie occupée par l’armée allemande.
Ce roman est teinté d’espionnage. C’est aussi un récit de guerre avec les préparatifs avant les combats, l’assaut, les pilonnages de l’artillerie, les contre-attaques, les replis. Il y a d’innombrables victimes et l’obusite cause des traumatismes irrémédiables mais que certains médecins prétendent soigner.
Reinhardt bénéficie d’une permission, il rejoint ses parents à Berlin où la population survit difficilement aux conséquences du blocus naval britannique. Sa mère est malade, il n’y a plus de médicaments mais il est possible de s’en procurer illégalement.
Luke McCallin dresse un portrait de l’Allemagne poursuivant le combat alors que la défaite est inéluctable. Il aborde de nombreux sujets peu connus et il faut rendre hommage à ses recherches historiques. Il détaille et explique un peu comme un historien. Cela laisse peu de place à l’enquête dans un texte pourtant de presque 600 pages. Ce roman au final est plus instructif que captivant.
L’épilogue se dénoue en février 1919. Entretemps, le lieutenant Gregor Reinhardt a été gravement blessé à une jambe. Il a été décoré de la Croix de Fer. Luke McCallin a fait la promesse que Reinhardt reviendra.
Luke McCallin - Conspiration . Titre original «From a dark horizon» ( Grande Bretagne – 2021 ) , traduit de l’anglais par Nicolas Zeimet pour les Éditions du Toucan, parution février 2023, ISBN 9782810011353 . Réédition au format poche en juin 2024, Éditions du Toucan, ISBN 9782810012121 .
Présentation éditeur : Aux derniers jours de la première guerre mondiale, le jeune lieutenant allemand Gregor Reinhardt doit se mettre à la recherche d'un tueur, après qu’un crime horrible a été commis dans les lignes arrière de son régiment. Lors d’une réunion secrète de hauts gradés, une bombe explose et tue tous les participants. Il semble certain que l'un des hommes de la compagnie de Gregor Reinhardt est le coupable. Mais depuis que cet homme s'est suicidé, le général cherche quelqu'un d'autre à accuser.
Vis-à-vis du haut commandement, il faut trouver un coupable. Par amitié et par loyauté, Reinhardt va tout faire pour prouver l'innocence de son subordonné, au profil pourtant rebelle et bien capable de s’être lancé dans une conspiration de ce type.
Bibliographie de Luke McCallin : voir ICI
Jean-Christophe PORTES - La conspiration des royalistes
Les enquêtes de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire ont commencé en février 1791. Huit tomes plus tard, nous sommes en février 1793, cela montre à quel point l’Histoire est détaillée, approfondie au jour le jour pour éclairer cette période complexe. Février 1793, Louis XVI vient d’être guillotiné et la Convention a déclaré la guerre au Royaume-Uni et à la Hollande. L’époque est propice aux manœuvres politiques, à l’espionnage et aux malversations financières. Le travail ne manque pas pour le capitaine de la Gendarmerie nationale Victor Dauterive.
Durant 8 tomes le lecteur s’est habitué à toute une galerie de personnages, sympathiques ou méchants. A chaque fois l’auteur les remet en scène, dressant aussi précisément que succinctement leurs portraits pour les situer dans l’Histoire et les intrigues imaginées. Jean Christophe Portes est un remarquable conteur d’histoires. Dans ce huitième tome, Olympe de Gouges apparaît peu, au contraire Marie-Anne Pothron occupe une place centrale. Les personnages fictifs et historiques se croisent ou s’éloignent. Les enquêtes de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire sont des romans policiers historiques crédibles, fertiles en suspense et rebondissement et avec de l’action.
Février 1793, le vieux Duperrier meurt des suites d’un accident dont les circonstances ne résistent pas longtemps à la perspicacité de Marie-Anne Pothron. Pourquoi Duperrier a-t-il été assassiné ? En reconstituant la vie de son ami, Victor Dauterive acquiert rapidement la certitude que l’explication du meurtre se trouve enfoui dans le passé du modeste et réservé vieillard. Filatures, fouilles de logements, portraits robot, indics, ce roman est un polar passionnant.
Pour les besoins de son enquête, Victor Dauterive rejoint la région nantaise, le pays natal de Duperrier. L’Histoire rattrape le détective avec la sanglante guerre de Vendée qui a largement dépassé les frontières d’un seul département. Dauterive croise des personnages historiques bien dans leur rôle comme Charette et Fouché et participe à de violents combats. La République est menacée par une révolte populaire, religieuse et royaliste. Mais le gendarme ne perd pas de vue son enquête pour reconstituer la jeunesse tragique de celui qui s’appelait Du Perrier au début des années 1740 durant la sinistre activité du port négrier de Nantes.
Mai 1763, Victor Dauterive est de retour à Paris pour de nouvelles aventures et enquête dans la France révolutionnaire que Jean-Christophe Portes ne manquera pas de nous raconter avec un talent reconnu.
Jean-Christophe PORTES – La Conspiration des Royalistes . Parution août 2024 , City Éditions . ISBN 9782824600048 .
Présentation éditeur : Février 1793. Le roi Louis XVI vient d’être décapité et la Terreur s’abat sur la France. C’est dans ce contexte de violence extrême que Duperrier, un vieil ami du gendarme Victor Dauterive, est retrouvé mort. Il aurait été renversé par une voiture... Mais alors comment expliquer sa plaie à la tête ?
Pour Dauterive, aucun doute, c’est un assassinat maquillé en accident. Une affaire liée à une vengeance ? Ou à une trahison, ce qui ne serait pas surprenant dans le Paris révolutionnaire où il est impossible de savoir qui sont les véritables ennemis ?
Le jeune gendarme abandonne toutes ses affaires en cours pour enquêter. Et ses investigations vont le conduire en Vendée, à la veille d’une insurrection qui pourrait bien faire basculer la Révolution. Victor Dauterive se précipite dans la gueule du loup, quitte à mettre sa vie en danger…
Bibliographie de Jean-Christophe Portes et série Victor Dauterive : voir ICI .
Melvina MESTRE - Sang d'encre à Marrakech
C’est la deuxième enquête de La détective privée Gabrielle Kaplan dans le Protectorat du Maroc au début des années 1950. Première enquête, « Crépuscule à Casablanca » voir ICI .
Le travail de manque pas pour la sympathique Gabrielle Kaplan. Elle doit retrouver le mari de madame Barou, un médecin réputé de Casablanca. Plus surprenant qu’une possible affaire d’adultère, le commissaire Renaud l’appelle à l’aide. Renaud est peut-être le seul flic intègre de la police de Casablanca qui ressemble plus à une police politique qu’à une police judiciaire. Le cadavre poignardée d’une femme a été retrouvée place Centrale, au cœur du centre administratif de la ville. La police a pu évacuer le corps avant qu’il n’apparaisse à la vue de tous. La crainte qu’un vent de discrédit ne souffle sur la police et l’administration coloniale est forte et impose d’agir vite et dans la discrétion. Les indépendantistes ne doivent pas en profiter. C’est une enquête sur mesure pour Kaplan.
La victime était une prostituée, reconnaissable à ses tatouages. Le lecteur entre dans une page d’Histoire du Protectorat. A l’époque à Casablanca il n’y avait pas de prostitution de rue, ni de maisons closes. Les prostituées avaient un quartier réservé, le Bousbir. Elles vivaient un véritable esclavage sous la coupe de maquerelles. Les seuls hommes admis dans le Bousbir étaient les clients. Il est compliqué d’enquêter dans ce lieu. Par ailleurs les recherches sur la disparition du docteur Barou sont dans une impasse. Pour relancer son récit, Melvina Mestre emmène le lecteur à Marrakech où un nouveau cadavre tatoué a été découvert.
Marrakech, la Ville ocre, sous l’impulsion du pacha issu de la famille El Glaoui et proche des européens, est en plein essor pour devenir une destination touristique prisée. De somptueuses soirées y sont données. Marrakech vit entre modernité et traditions. Ces deux visages vont faire progresser les enquêtes de Gabrielle Kaplan. La signification de tatouages aux motifs complexes rapproche la détective de la solution et tout s’accélère au rythme de filatures et courses en voitures et à dos de mule. Dans les montagnes de l’Atlas, modernité et traditions se côtoient aussi.
Avec les enquêtes de Gabrielle Kaplan, Melvina Mestre affirme sa maîtrise du roman policier historique dans un cadre géographique dépaysant et dans un contexte historique propice aux énigmes habilement mises en scène. Elle connaît très bien les deux.
Melvina MESTRE – Sang d’encre à Marrakech . Parution le 15 mars 2024, Éditions Points . ISBN 9791041400065 .
Présentation éditeur : 1952, les corps de deux prostituées portant sur le ventre le même tatouage sont découverts à Casablanca. Le commissaire Renaud se serait bien passé de cette délicate affaire. Il demande de l’aide à Gabrielle Kaplan, et leur enquête s’oriente vers Bousbir, le fameux « quartier réservé » de la ville. Mais bientôt on compte d’autres victimes tatouées, un médecin, une religieuse… Quels terribles secrets se cachent derrière ces assassinats ? Gabrielle tiendrait-elle une piste sérieuse du côté de Marrakech ? Et ne court-elle au-devant de dangers dans ces paysages montagneux de l’Atlas ?
Frank GOLDAMMER - L'Épouvantail de Dresde
Décembre 1944, Dresde. Des cadavres de femmes atrocement mutilés. L’inspecteur de la Brigade criminelle Max Heller est impuissant, le manque de moyens ne lui permet pas de progresser vers l’identité du meurtrier et son enquête se limite à de vaines recherches de voisinage et dans le passé des victimes et à des patrouilles de nuit dans les rues désertes de Dresde. Werner Oldenbusch, technicien scientifique ne lui est d’aucun secours. Le docteur Schorrer assure modestement les fonctions de médecin légiste. Le supérieur de Heller, le SS Rudolf Klepp est persuadé que le criminel se cache parmi les juifs allemands. Pendant ce temps des rumeurs se répandent, la population parle d’un dépeceur, d’un grand singe qui se serait enfui du zoo.
Ce roman policier historique commence d’une manière très classique dans un contexte de nombreuses fois décrit : une population démunie qui a faim et froid, la peur continuelle de la Gestapo, le quotidien ponctué d’alertes aériennes. La propagande nazie promet le déploiement prochain d’armes miraculeuse pour gagner une situation chaque jour plus proche d’une défaite inéluctable. Fuyant l’ogre soviétique, les réfugiés affluent de l’Est. Le SS Rudolf Klepp, est persuadé que le criminel est un juif qui se cache parmi eux.
Max Heller est un ancien combattant de la Grande Guerre, avec sa femme Karin ils ont deux fils qui combattent sur le front de l’Est et dont ils sont sans nouvelles depuis plusieurs mois.
L’attention du lecteur est relancée dans la seconde partie du roman. Du 13 au 15 février 1945 un déluge de bombes s’abat sur Dresde, des bombes incendiaires brûlent tout, faisant fondre ce qui est métallique, les abris souterrains deviennent des pièges mortels. Dresde est rasée, la population décimée.
L’enquête de Heller reprend en mai 1945. Dresde est occupé par l’Armée Rouge. La police allemande a été supprimée. Les crimes de femmes n’ont pas cessé, Heller a convaincu le général Medvedev de reprendre l’enquête. Il seconde un jeune commissaire politique Alexei Sayatchev dans de nouvelles recherches. Le contexte a changé : traque des anciens criminels nazis psychopathes cachés parmi les anonymes, découverte par le peuple allemands des atrocités commises au nom du 3ème Reich, soldats soviétiques portés par un sentiment de vengeance. Le final des recherches du duo germano-soviétique est réussi avec des rebondissements et un bon suspense qui avait fait défaut avant. Le destin entrevu pour les principaux personnages est habile et permet d’imaginer une suite prometteuse.
Frank GOLDAMMER – L’épouvantail de Dresde . Titre original « Der Angstmann » ( Allemagne – 2016 ) traduit par Justine Coquel pour les Éditions du Masque, parution le 18 septembre 2024 . ISBN 9782702451137 .
Présentation éditeur : Novembre 1944. Le régime nazi est proche de l’effondrement et la ville allemande de Dresde ploie sous la violence de la pauvreté. Sans compter les rumeurs racontant qu’un être effroyable, à peine un homme, rôde la nuit dans les rues désertes. Lorsqu’on découvre le corps mutilé d’une infirmière dans un cabanon désaffecté, les habitants murmurent aussitôt que c’est l’œuvre de l’Épouvantail.
Max Heller, inspecteur de la brigade criminelle, est déterminé à trouver une explication rationnelle à ce crime, mais la police n’a plus de moyens, et son chef, un SS impitoyable, ne lui épargne rien. Entre la gestion laborieuse des réfugiés en surnombre, le rationnement et les fréquentes alertes aériennes, Heller glane péniblement quelques indices. Mais quand on trouve le corps d’une deuxième femme, il commence à prendre au sérieux la menace de l’Épouvantail …
Arttu TUOMINEN - Tous les silences
Coïncidence, lors de la rentrée littéraire d’automne 2024, deux romans parlent de la Finlande dans la seconde Guerre mondiale. Pour respecter la chronologie historique « La guerre d’hiver » est le premier engagement finlandais pour répondre à l’invasion de l’URSS. Olivier Norek en parle magnifiquement dans « Les guerriers de l’hiver » ( voir ICI ). La Finlande est vaincue après une résistance historique de plus de trois mois et début 1940 l’URSS occupe une partie de son territoire. En juin 1941, l’armée finlandaise équipée par l’Allemagne lance une offensive contre l’Armée Rouge. La Finlande se trouve de facto engagée aux côtés des nazis. Le 6 décembre 1941 la Grande Bretagne lui déclare la guerre. Pour illustrer ce second conflit que les finlandais appellent « Guerre de Continuation », Arttu Tuominen a choisi le roman noir et une énigme criminelle de 2019 qui trouve ses racines dans la Guerre de Continuation avec l’engagement de certains soldats finlandais aux côtés des nazis. L’auteur dénonce et rappelle ces évènements oubliés ou cachés.
Septembre 2019, Albert Kangasharju âgé de 97 ans est victime d’une agression dans le parc de la maison de retraite où il réside à Pori, un port finlandais sur la côte du golfe de Botnie. Albert est sauvé grâce à l’intervention d’une infirmière. Ses deux agresseurs prennent la fuite mais tout laisse à penser qu’ils voulaient le pendre car une corde avec un nœud coulant est retrouvée fixée à un arbre. Hospitalisé il est victime d’une nouvelle tentative d’homicide et sauvé par Jari Paloviita de l’unité de Police criminelle régionale.
Le roman d’Arttu Tuominen est scindé en deux histoires distinctes dont il alterne la narration : l’enquête sur l’agression du vieux Kangasharju et le récit historique de finlandais qui en avril 1941 rejoignent l’armée allemande et un centre d’instruction dans le Jura souabe pour constituer le régiment Westland de la division Wiking de la Waffen SS. Ils ont été 1400 finlandais et l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux volontaires Klaus, Martti, Virkkala, Ylikylä et Albert. Ils rejoignent le front sud de l’opération Barbarossa durant l’été 1941. Le roman de l’auteur devient récit historique de guerre, âpres combats pour franchir le Dniepr puis pour rejoindre Bakou et entre les combats exactions atroces, crimes génocidaires envers les civils avec comme point culminant de l’horreur les exécutions sommaires commises dans la forêt ukrainienne de Monastyrskiy fin 1941. Des soldats finlandais participent aux massacres.
L’enquête en 2019 des policiers de Pori est dans l’impasse. Un autre vieillard est assassiné. Le lecteur devine facilement la solution mais la police manque de preuves pour le mobile des agressions et surtout piétine sur l’identité des meurtriers. L’auteur oriente alors son récit contemporain sur le portrait des enquêteurs et leur vie personnelle. L’ensemble perd un peu de son intérêt d’autant plus que seule la situation de Jari Paloviita est approfondie.
Quatre-vingt ans après les faits il est difficile d’identifier des criminels de guerre, de prouver leurs actes. Identité modifiée, témoins disparus, il devient quasi impossible d’étayer une accusation. Cette problématique est bien mise en avant par Arttu Tuominen ainsi que les recherches historiques et les investigations journalistiques dont la poursuite est indispensable pour rétablir la vérité. Le roman noir et la littérature se révèlent très efficaces pour raconter le passé dans une sorte de vulgarisation accessible à tous.
Arttu Tuominen – Tous les silences . Titre original « Vaiettu » ( Finlande 2021 ) traduit du finnois par Claire Saint-Germain . Parution le 20 septembre 2024 , Éditions de La Martinière . ISBN 9791040117926 .
Présentation éditeur : Le grand roman noir du passé nazi de la Finlande
Ukraine, 1941. Deux SS tiennent entre leurs mains la vie d’une mère et de son enfant. Au dernier moment, ils décident de leur épargner la fureur de leurs hommes.
Finlande, 2019. Deux hommes s’acharnent sur le corps d’un vieillard et le laissent pour mort. La victime était un ancien combattant méritant et médaillé.
Entre ces deux événements, c’est tout le passé de la Finlande, jamais exhumé, qui se révèle. Celui de jeunes volontaires engagés au sein des Waffen-SS pour lutter, sous les ordres de l’Allemagne nazie, contre l’ennemi bolchévique.
Âpre et puissant comme peuvent l’être Ron Rash ou Dennis Lehane, Arttu Tuominen met à nu la plus grande fracture de l’histoire de la Finlande, dans ce nouveau roman de la série policière Delta noir, déjà couronné des plus grands prix.
Ce roman fait partie d’une série qu’Arttu Tuominen a baptisé « Delta » comme le delta du fleuve Kokemäenjoki lorsqu’il se jette dans le golfe de Botnie après avoir traversé la ville de Pori. « Delta » compte six titres publiés en Finlande entre 2019 et 2024. « Tous les silences » est le troisième tome, venant après « Le serment » ( Finlande 2019 – France 2021 ) et « La revanche » ( Finlande 2020 – France 2023 ). Ces trois premiers romans mettent en scènes les mêmes policiers de Pori, Linda Toivonen, Henrik Oksman et Jari Paloviita sous les ordres de Susanna Manner. Je n’ai lu que « Tous les silences », cela peut expliquer la frustration de voir seulement le portrait de Paloviita mis en avant au détriment de Linda ou d’Henrik Oksman solitaire et surdoué qui intrigue. Il faut toujours commencer une série par le début, je le sais et je viens encore de l’apprendre à mes dépends. « Tous les silences » n’en est pas moins un bon roman noir historique .
Stanislas PETROSKY - Les carnets secrets d'Alexandre Lacassagne - Surin d'Apache # 3 - L'affaire Soularue
En novembre 1888 deux amants, Berthe Grimaud et Gabriel Soularue, décident de se suicider. Berthe est retrouvée morte tuée d'une balle dans la tête, Gabriel est évanoui une plaie à la tête, à leurs côtés un petit révolver. Les deux amants s’étaient enfermés dans une chambre. Gabriel Soularue prétend avoir raté son suicide. Le juge d’instruction Vial note des contradictions dans les explications de Soularue, il fait donc appel à Alexandre Lacassagne réputé pour ses expertises criminelles. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément Huin vont procéder à l’exhumation du corps de la défunte Berthe Grimaud et prélever son crâne et ses deux humérus pour les analyser. Le lecteur est soumis à rude épreuve.
Le passé d’Ange-Clément constitue une énigme fictive qui tient en haleine. Le sous-inspecteur Jacob ne fait plus preuve de retenue suite à la mutation de son supérieur Morin. Il est prêt à tout pour prouver le passé de brigand d’Ange-Gabriel et à découvrir sa véritable identité. Sa vie d’avant se révèle peu-à-peu, c’est une source de suspense solide aussi instructive avec le sujet des milieux anarchiste que distrayante avec l’évocation de la triche au jeu de dés et surtout le souvenir de la jeune et belle Ambroisine qui peut être source d’inspiration pour une suite.
Le roman s’achève avec le récit du procès de l’accusé Soularue et sa confrontation aux résultats des différentes expertises scientifiques de Lacassagne s’exprimant en tant que médecin légiste et prouvant des faux témoignages. Cependant ces expertises ne permettent pas aux jurés de répondre à tous les actes d’accusation, l'apport de la science ne constitue qu'une partie des résultats des investigations mis à disposition des jurés pour les aider à délibérer.
La postface d’Amos Frappa est encore une fois d’une grande richesse documentaire, que se soit sur les us et coutumes des Apaches, les tatouages, la presse anarchiste, la crémation des cadavres, l’architecture des cimetières dits « de l’avenir » ou la consommation d’alcool.
L'ensemble se lit avec plaisir et même avidité tellement le lecteur a hâte de voir Lacassagne à l'oeuvre et conclure. la vie tourmentée d'Ange-Clément constitue un liant aussi instructif qu'agréable. Il est dommage que le roman ne soit plus illustré par les dessins de Michel Montheillet qui permettaient de visualiser des scènes, des visages ou des objets de la partie roman.
L’affaire Soularue – Stanislas PETROSKY . Parution septembre 2024, Éditions AFITT . ISBN 9782379650826 .
Présentation éditeur : Novembre 1888, un couple se rend à l'hôtel des terrasses à Fontaine sur Saône pour un dîner dans un salon privé. Quelques heures plus tard des coups de feu résonnent dans l'établissement. Le propriétaire force la porte et découvre les jeunes gens. La jeune femme, sans connaissance, git à terre, l'homme est assis sur une chaise, il a une plaie sanguinolente à la tempe.
Gabriel sera sauvé, Berthe décède de la suite de ses blessures. Au premier abord, cela ressemble à un suicide passionnel.
Mais quelques jours plus tard, une fois la victime inhumée, de nouveaux éléments laisse penser que cela pourrait être un homicide. Alexandre Lacassagne et Ange-Clément vont devoir démêler le vrai du faux dans ce terrible fait divers du XIXe siècle.
Chronique de lecture tome 1 : voir ICI
Chronique de lecture tome 2 : voir ICI