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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 05:36
Jean-Christophe GRANGÉ  :  "Les Promises"

Jean-Christophe GRANGÉ  :  Les Promises. Parution le 8 septembre 2021, Éditions Albin Michel. 656 pages. ISBN 978222649437.

Le 1er septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne. La menace d'une guerre déferlant sur l'Europe devient de plus-en plus pressante, le peuple allemand est partagé, entre l'angoisse pour certains et l'exaltation pour d'autres. Cet état d'esprit du peuple allemand est bien retranscrit par Jean-Christophe Grangé dans ce polar historique particulièrement bien documenté. Histoire et .... polar, normalement sous le 3ème Reich le crime devrait avoir disparu ? Mais c'est sans compter sur ce qui ressemble fort à un tueur en série qui tue après les avoir atrocement mutilés les jeunes épouses de dirigeants et sympathisants au plus haut du régime nazi. Le club mondain où elles se réunissent à l'hôtel Adlon de Berlin, le Club Wilhelm, ressemble désormais à un piège fatal. La Kripo est impuissante, seule la Geheime Staatspolizei, la sinistre Gestapo, peut dans la discrétion arrêter ce qui n'aurait jamais du exister. L'Hauptsturmführer Franz Beewen se voit confier l'enquête.

Avec le passé de Beewen, c'est toute l'Histoire des SA et de la Gestapo qui défile. Il a de brillants états de services nazis mais aucune expérience en enquêtes criminelles, l'efficacité de la Gestapo repose sur la peur qu'elle entretient implacablement. Mais cette fois-ci même son réseau de renseignement de la vie quotidienne de chaque allemand est impuissant face à un tueur invisible. Beewen ne peut compter que sur lui même avant de tomber rapidement en disgrâce. Il va s'attacher les services de deux personnes que tout destinait à un Konzentrationslager, Minna von Hassel et Simon Kraus.

Minna von Hassel issue d'une riche famille aurait pu fuir aux Etats Unis comme ses parents. Elle a choisi de rester dans le Reich pour veiller sur les malades de l'institut psychiatrique de Brangbo. Elle ne se fait plus d'illusion, ses malades seront éliminés par les nazis comme de vulgaires parasites, mais elle lutte pour retarder l'échéance. L'alcool la fait tenir. Il y a aussi Simon Kraus, psychologue, sa spécialité les rêves, sa clientèle, de riches et belles femmes venant soigner leurs angoisses. Parmi elles, les habituées du Club Wilhelm. 

Sans aucun répit, sans aucun moment de lassitude, le lecteur suit l'enquête de cet improbable trio jusqu'en novembre 1942 sur le front de l'Est et dans les camps d'extermination. Le style de l'auteur est sans fioriture, entièrement tourné vers l'efficacité : suspense et rebondissements. Aux indices, aux pistes ou aux certitudes policières que Minna et Beewen suivent, Simon oppose des doutes. Son raisonnement de psy s'attache à l'inexpliqué et aux éléments que ces deux collègues négligent et qui les emmènent dans des impasses ou vers des coupables parfaits mais rapidement innocentés. 

Ce récit repose sur des bases historiques solides, Jean-Christophe Grangé ne se satisfait pas de banalités, il approfondit et explore des facettes inattendues et inhabituelles. Le lecteur côtoie la peur silencieuse des berlinois mais aussi la rancoeur devenue violence de beaucoup d'anciens combattants humiliés après la défaite de la Grande Guerre. L'auteur parle des gueules cassés allemandes et de la galvanoplastie, les références cinématographiques de l'époque sont nombreuses.  L'immersion dans le Berlin de cette époque est érudite, que ce soit dans le quartier de Moabit reconstitué de manière vivante, dans les quartiers chics avec la place logique du style Bauhaus ou dans les pas des sinistres Totengräber. Enfin l'auteur insiste sur les programmes d'extermination mis en oeuvre par les nazis, Gnadentod pour en finir avec les handicapés ou malades mentaux ou la stérilisation forcée des Tsiganes, et sur ceux destinés à favoriser la pureté de la race germanique dans les Lebensborn.

Les lecteurs de Jean-Christophe Grangé sont nombreux. Il fallait bien que je découvre cet auteur. J'ai franchi le pas aidé par l'époque explorée dans "Les Promises". Je n'ai pas été déçu.

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