Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Découvrir l'Histoire en lisant
  • : Bibliographies , histoire , fiches de lecture , romans historiques , polar et romans noirs : mille et un auteurs , mille et une feuilles à lire , mille et une ... histoire !
  • Contact

Recherche

29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 16:02
Gwenaël  BULTEAU - Le Grand Soir

Dans son deuxième roman Gwenaël Bulteau poursuit son récit historique du monde ouvrier alors que l’ère industrielle a imposé un capitalisme sans foi ni loi en France. Son premier roman « La République des faibles » ( voir ICI ) se passait en 1898 à Lyon. Dans « Le Grand Soir » il dessine un portrait beaucoup plus large de la condition ouvrière en France. Il approfondit également la situation des femmes. Nous sommes en 1905 et il raconte l’histoire de deux femmes.

Jeanne a disparu lors des manifestations populaires qui ont accompagné les obsèques de Louise Michel, héroïne de la Commune de Paris et pionnière du féminisme. Gwenaël Bulteau a choisi un grand symbole dans son prologue. Les obsèques de Louise Michel ont eu lieu le 22 janvier 1905 de Paris jusqu’au cimetière de Levallois-Perret.

Avril 1906, Lucie veut retrouver sa cousine Jeanne. Issue d’une riche famille industrielle, Jeanne avait rejoint les rangs des prolétaires en lutte. C’est donc dans le monde ouvrier que Lucie cherche sa cousine. Elle prend conscience de l’extrême pauvreté d’un peuple de crève-la-faim, de luttes et de la répression.

Toute la France prolétaire crie sa révolte et tente de s’organiser. La citoyenne Sorgue parcourt la France et se joint aux grèves pour aider. En ce mois d’avril 1906 elle est à Roquefort pour soutenir des centaines d’ouvrières. La création d’un syndicat a fait plier les Sociétés des caves de Roquefort. Sorgue est accompagnée par Leroy qui fait office de secrétaire et de garde du corps car elle se sait menacée de mort. Sorgue et son efficace mais énigmatique protecteur sont de toutes les luttes, avant Roquefort ils étaient à Courrières auprès des femmes des mineurs disparus dans la catastrophe pendant laquelle la Compagnie des mines avait privilégié les installations plutôt que sauver les hommes. Ils quittent Roquefort pour rejoindre Liévin et une nouvelle révolte minière.

Lucie et Sorgue, deux regards féminins pour décrire la condition ouvrière du début du XXème siècle et une pauvreté extrême, pour parler des luttes et des cris de révolte dans la rue. Il y a également une violence plus discrète, cachée derrière les riches façades des maisons bourgeoises, c’est celle du patriarcat et de la domination masculine sans partage.

Clémenceau veut en finir avec les grèves et les revendications. La Sûreté espionne et infiltre pour arrêter les meneuses et les meneurs. La répression sévit dés que la colère descend dans la rue. L’infanterie, les chasseurs à cheval, les dragons sont prêts à en découdre, à blesser, à estropier et même à tuer.

La quête de justice de Sorgue rejoint les recherches de Lucie. La convergence de ces luttes a lieu à Paris pour le 1er mai 1906, Le Grand Soir, date à laquelle est espérée la victoire du prolétariat. Gwenaël Bulteau excelle encore une fois avec un grand roman noir historique qui exprime toute la rage crue du prolétariat. Et dans un roman noir ça finit mal.

Gwenaël BULTEAU – Le Grand Soir . Parution octobre 2022, Édition la manufacture de livres . ISBN 978-2-3588-7913-2 . Réédition au format poche en octobre 2023, Éditions 10 / 18 Polar . ISBN 9782264081803 .

Présentation éditeur : 22 janvier 1905. Paris se presse à la suite du cortège funéraire de Louise Michel, icône légendaire de la Commune. Parmi les ouvriers, la jeune Jeanne Desroselles, travestie en femme du peuple, se mêle à la foule. Idéaliste et militante, cette jeune héritière fréquente depuis quelques mois les rassemblements publics, vibrant des revendications de ceux qui luttent pour la justice et la liberté. Mais ce matin d’hiver sera pour Jeanne le dernier. Aux yeux de la police comme de sa famille, Jeanne s’est volatilisée. Sa cousine Lucie n’entend pas se satisfaire de cette conclusion, et elle se glisse de tavernes en ruelles pour retrouver la trace de la disparue. Pendant ce temps, aux quatre coins de la France, les manifestations se multiplient, les femmes se rassemblent pour faire entendre leur droit à la parole et à disposer de leur corps, les mineurs et les ouvriers réclament un travail qui ne les condamne pas à mort... Tous s’apprêtent à venir massivement à Paris, manifester ensemble le 1er mai. Ce sera le Grand Soir.

Gwenaël  BULTEAU - Le Grand Soir
Partager cet article
Repost0
24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 05:34
Laurent GUILLAUME - Les Dames de guerre : Saïgon

Après avoir surmonté tous les obstacles dressés par les hommes de sa profession et le patriarcat familial, Elisabeth Cole réalise son rêve de photographe de presse, elle est envoyée en Indochine comme reporter de guerre. Nous sommes fin 1953, elle rejoint Saïgon pour succéder au célèbre Robert Kovacs tué dans une embuscade vietminh alors qu’il accompagnait une unité de l’armée française.

Avant d’entrer dans les pas d’Elisabeth, l’auteur a planté le décor indochinois en valorisant un véritable travail d’historien et en mettant en scène de nombreux personnages. Rien ne manque dans ses descriptions de Saïgon et des paysages extrêmement variés du Viêt Nam où du Laos voisin. Les causes et enjeux du conflit qui opposent l’armée française au Viêt Minh communiste sont multiples et caractéristiques de la Guerre froide et impliquent les grandes puissances comme la Chine, l’URSS et les USA, ces derniers aident massivement la France dans sa guerre contre le Viêt Minh avec en coulisse une lutte d’influence mise en œuvre par des services secrets omniprésents. Rien ne manque dans la reconstitution de Laurent Guillaume, les bases militaires, les combats intenses dans la jungle, les matériels et armements ainsi que les personnages réels.

Fin 1953, un champ de bataille d’importance stratégique se prépare à Diên Biên Phu. Mais l’armée française mène aussi une guerre de harcèlement particulièrement efficace avec le Groupement de commandos mixtes aéroportés ( GCMA ) du SDECE. Sur ce volet l’auteur base également son récit sur de solides références historiques. Elisabeth Cole rejoint un maquis du GCMA où quelques officiers français commandés par le ténébreux capitaine Louis Bremond, encadrent des combattants Méos originaires du Laos. C’est ce maquis que Robert Kovacs filmait, Elisabeth est persuadé que son décès n’est pas accidentel et cache des trafics.

Le récit de Laurent Guillaume raconte la guerre. Il est aussi roman noir, récit d’espionnage avec ce que cela suppose comme secret, trahison, faux semblant, manipulation et coups fourrés. Il n’y a pas seulement des espions mais aussi la mafia corse, une justice vietnamienne expéditive, des officines taoïstes et un hommage à la presse et au journalisme. Elisabeth Cole vit de multiples aventures pleines d’action et de rebondissements, depuis la jungle hostile jusqu’aux fumeries d’opium et salles de jeux de l’ancienne Saïgon. L’auteur est un formidable raconteur d’histoires qu’il a insérées dans un contexte historique, social, politique et géographique très bien reconstitué. Les portraits de ses personnages sont approfondis et crédibles.

Laurent GUILLAUME – Les Dames de guerre : Saïgon . Parution le 29 février 2022, Éditions Robert Laffont, collection La Bête noire . ISBN 9782221269787 .

Présentation éditeur : septembre 1953, New York. La rédaction de Life magazine est en deuil. Son reporter de guerre vedette, Robert Kovacs, a trouvé la mort en Indochine française laissant derrière lui un vide immense.
Persuadée que sa disparition n’a rien d’accidentelle, Elizabeth Cole, photographe de la page mondaine, décide de lui succéder et réalise ainsi son plus grand rêve : devenir correspondante de guerre.
C’est le début d’une enquête à l’autre bout du monde, au cœur d’un écheveau d’espions, de tueurs à gages, de sectes guerrières, d’aventuriers, et de trafiquants d’armes. À Saigon, Hanoï, sur les hauts plateaux du Laos, Elizabeth va rencontrer son destin en exerçant son métier dans des conditions extrêmes et affronter les pires dangers.

Partager cet article
Repost0