Jean-Christophe PORTES - La femme aux doigts d'or

C’est la septième enquête de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire. J’ai vite compris que c’était la suite immédiate de « L’assassin de septembre » ( voir ICI ) et je me rappelle très bien le récit de la bataille de Valmy le 20 septembre 1792. Dans la foulée de cette victoire l’armée du général Dumouriez occupe l’actuelle Belgique. L’Histoire guide la plume de Jean-Christophe Portes et il n’est pas étonnant de retrouver le gendarme Victor Dauterive en mission dans les territoires annexés. Il a été promu au grade de capitaine.

Le capitaine Dauterive escorte une troupe de théâtre jusqu’à Bruxelles. Les représentations des comédiennes et comédiens sont censées bonifier la présence militaire française et gagner les belges aux idées révolutionnaires. Dauterive serait bien resté en Belgique pour élucider le décès suspect d’une servante de l’actrice Julie Renard. Elle est morte défenestrée, tout porte à croire qu’il s’agit d’un accident mais l’instinct d’enquêteur du gendarme Dauterive ne se satisfait pas de cette explication. Il soupçonne un assassinat. Mais l’Histoire est diplomatie et Dauterive est dans les arcanes du pouvoir. Il obéit à Danton qui en a fait son protégé et son envoyé spécial préféré. De Bruxelles, il l’envoie à Londres rencontrer Talleyrand et recueillir l’avis du diplomate en exil sur l’attitude anglaise vis-à-vis de la Révolution et de l’occupation de la Belgique.

C’est un véritable régal de lire Jean-Christophe Portes qui n’a pas son pareil pour raconter des histoires où réalité et fiction se mêlent. Dans ce nouveau polar historique de la série Dauterive il a choisi de se renouveler. Fini les références temporelles avec une date et un horaire en tête de chapitre. Son roman est structuré en cinq parties portant le nom de cinq personnages principaux, cela permet des approches différentes des sujets abordés et de donner plus d’ampleur à leurs personnalités. Il y a Victor bien sûr, citoyen à l’honneur et en titre de la partie 1. Il est suivi d’Olympe de Gouges, avocate du droit des femmes, elle a choisi de défendre le roi Louis XVI lors de son procès. Antoine Louis Charpier anime la partie 3, dans cette période complexe c’est un habile et incontournable commissaire de police très bien introduit dans les cercles politiques et élu à la Convention. Plus surprenant, la partie 4 met en avant Marie-Anne Pothron. Modeste et malheureuse vannière recueillie par Dauterive, elle donne un élan supplémentaire à tout ce qui est fiction dans le récit. J'imagine qu'elle aura un rôle encore plus important à l'avenir. Joseph est de sa partie, Victor a bien besoin de l’aide de ce gamin débrouillard.

L’enquête de Victor Dauteville est relancée lors de son retour à Paris. Julie Renard meurt à son tour défenestrée. Dauterive, Charpier et Joseph vont être de nouveau confrontés à de redoutables ennemis déjà croisés et qu’ils savent prêts à tout pour dissimuler leurs méfaits. Le contexte historique se prête bien aux complots, à la corruption et au chantage. Cette fois-ci un nouveau danger se profile en la personne de Michelle de Bonneuil une intrigante aussi riche que belle.

A Paris l’Histoire est politique. Le procès du roi Louis XVI fait l’objet de débats violents qui  passionnent et divisent. Il y a vote, le roi est condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1793. Pour certains le roi a été tué, pour d’autres un tyran a été exécuté. C’est sans doute un tournant dans la période révolutionnaire que la prochaine enquête de Victor Dauterive devrait continuer à explorer.

Jean-Christophe PORTES - La femme aux doigts d’or . Parution octobre 2022, City Éditions. ISBN 978-2-8246-2111-1 . Réédition au format poche en novembre 2023, City Éditions, ISBN 9782824622880 .

Bibliographie de Jean-Christophe Portes  ICI