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2 juin 2023 5 02 /06 /juin /2023 15:53
Thomas CANTALOUBE   -   Mai 67

Une grande manifestation sociale a eu lieu le 26 mai 1967 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Elle prolongeait une grève des manœuvres du bâtiment. Leur revendication était simple, augmentation de leurs salaires de misère bien inférieur à ceux en vigueur en métropole alors que sur l’île le coût de la vie est très supérieur. Ces gens réunis sur la place de la Victoire subissent également depuis des siècles racisme et discrimination. Pour le préfet Delbotte tout est dirigé par des agitateurs communistes aux idées anticolonialistes et indépendantistes venues de Cuba. Comme durant la sombre période du préfet Papon à Paris, le calme est rétabli par la violence et la manifestation se termine dans le sang avec des tirs d’armes à feu contre les manifestants. Le GONG un petit parti politique local fait un bouc émissaire idéal.

Luc Blanchard en mai 67 vit en Guadeloupe avec sa compagne Lucille et leur petite fille Célanie. Il est pigiste d’un modeste quotidien local France-Antilles. C’est un peu le hasard, un peu la solidarité et un peu la nécessité de soigner les blessés qui ont emmené Lucille et Luc sur la place de la Victoire le 26 mai. Ce jour-là des coups de feu ont été tirés sur les manifestants, Luc en est sûr. Il y a eu des morts parmi les manifestants. Lucille a été arrêtée par la police. Fin mai 67, Antoine Lucchesi, à la barre d’un ketch appartenant à un riche homme d’affaire,  accoste dans la rade de Pointe-à-Pitre et Sirius Volkstrom, en mission pour la CIA anti-castriste, atterrit à l’aéroport de Pointe-à-Pitre Le Raizet.

Quel plaisir de retrouver les écrits de Thomas Cantaloube qui sait fouiller dans l’Histoire pour y dénicher les évènements cachés par une 5ème République qui n’en finit pas avec la censure et la répression. Et puis l’auteur n’a pas son pareil pour raconter et mettre en scène habilement trois personnages que tout oppose. C’est justement ce grand écart qui permet de créer les situations permettant de visionner toutes les facettes d’un évènements, d’argumenter et ainsi  mieux  dénoncer les scandales de cette époque où les gouvernants ne juraient que par des services parallèles pour contourner la loi et une police violente pour assoir leur pouvoir.

Retour à Paris pour le trio et pour les hauts fonctionnaires qui ont su sauver l’ordre. Retour aux origines de ce qui est le dernier volet d’une trilogie. Luc veut se rapprocher de Lucille qui est emprisonnée dans l’attente interminable d’une comparution devant la Cour de sûreté de l’Etat. Il est peut-être encore temps de l’innocenter mais le pouvoir n’est pas prêt à admettre ce qui s’est réellement passé le 26 mai en Guadeloupe. Sirius a retrouvé la trace de celui dont il veut se venger. Antoine Lucchesi avant de tout abandonner veut honorer une ultime dette d’honneur avec le sympathique Freddie et partager le magot qu’ils ont gagné en Guadeloupe. Le temps passe, nous sommes en mai 1968. Le lecteur croise Jacques Chirac, le député Claude Estier et l’incontournable Jacques Foccart, avant d’être entrainé dans un final maîtrisé à la perfection par Thomas Cantaloube dans un habile mélange de roman noir et de polar historique. Ces deux genres savent si bien associer réalité historique, révélations de politiques cachées et nostalgie naissante de voir trois personnages de fiction se séparer.

Que cette trilogie est bien avec ses belles couvertures très évocatrices !

Autres titres de cette trilogie : « Requiem pour une République » voir ICI  -  « Frakas » voir ICI 

Thomas CANTALOUBE – Mai 67 . Parution le 11 mai 2023 dans la Série Noire des Éditions Gallimard. ISBN 9782072985140.

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